Les Experts Bikepacking : les conseils de Yann Gobert
Deuxième portrait de cette série des « Experts Bikepacking ». Après avoir échangé avec Sophie Gateau et voyagé à sur la North Cap 4000, nous voici maintenant avec Yann Gobert. Souvent présent dans nos stories, Yann est tout simplement la personne qui nous a mis le pied à l’étrier. Toujours à nous sortir dans des micro-aventures absurdes, voilà qu’il nous fait découvrir le pouvoir du vélo et plus spécialement du gravel. Derrière son look de Sebastien Tellier, on s’attache très facilement à sa générosité, sa gentillesse et son humour souvent aussi simpliste que peut l’être le notre. Alors quand on a voulu parler avec lui de sa vie, de son oeuvre et de toutes ses heures passées sur une selle, et bien c’était tout naturellement un super moment.
SOMMAIRE :
Page 01 – Parlons vélo, aventures, et aventures à vélo.
Page 02 – Leçons et conseils tirés de l’Atlas Mountain Race
Page 03 – L’irresistible paradoxe de l’inconfort
Page 04 – De rookie à rookie
Mid-90’s
Quand et comment le vélo est entré dans ta vie ?
C’était dans les années 90, parce que j’ai 44 ans et c’était la grosse mode du VTT. Mon premier vélo, c’est grâce à ma grand-mère qui venait de décéder et qui m’avait léguée 1200 francs, ce qui m’a permis d’acheter mon premier VTT, un Scott. Je faisais exactement ce qu’on fait aujourd’hui : je mettais des énormes bagages un peu chelous pour pouvoir porter des trucs, des sortes de bananes etc. Et je partais toute la journée avec une carte IGN en papier et je m’amusais à découvrir la forêt de Fontainebleau comme ça.
Qu’est-ce qui t’a plus dans le vélo ?
Je trouve que tu vas vite d’un endroit à un autre, et surtout tu peux aller plus vite qu’en marchant ! Comme c’est un sport mécanique, je trouvais sympa de pouvoir bricoler son vélo, de le nettoyer, de changer des pièces etc… Après mon Scott j’ai rapidement eu d’autres vélos ,et surtout je me suis mis à la compétition. Je suis rentré dans le club du village et je roulais avec des adultes, je m’entrainais vraiment et…. [ chuchotant ] j’ai même gagné une course.
À ce moment là, j’avais entre 14 et 18 ans. Je ne faisais que du vélo. Tout le temps ! À 16 ans, je réalise mon premier « bikepacking ». On est parti de Limoges avec des copains, pour rouler jusqu’au Cap d’Agde par les chemins et la route. J’ai fini tout seul et j’ai retrouvé des potes au Cap d’Agde. Le chemin était super, mais en arrivant là-bas je me suis dit : “Mais c’est quoi ça ? C’est horrible ! On a l’impression d’être en banlieue parisienne…”. Bon, deux heures après j’étais bourré avec mes potes, alors…
Ça ressemblait à quoi le bikepacking à l’époque ?
J’avais un porte-bagage avec des genres des sandos, des trucs accrochés dessus, et un petit sac-à dos. Et puis un pneu ! J’avais tellement peur de péter un truc en route que j’avais pris un pneu que j’vais foutu sur le porte-bagage.
Et depuis, le vélo et toi c’est une grande histoire d’amour…
Quand je suis arrivé sur Paris à 18 ans, j’avais un vélo mais c’était juste pour bouger en ville. En 2007-2008 j’ai découvert le pignon fixe et c’était vraiment cool : il y avait une petite communauté, des courses, on bricolait les vélos… C’est là que je me suis remis au vélo vraiment sérieusement.
Puis assez rapidement je me suis racheté un vélo de route, un VTT et j’ai recommencé les courses de VTT, les kilomètres en route, et enfin le Gravel.
Le premier Gravel que j’ai eu (mais cela ne s’appelait pas encore Gravel), c’était le Specialized Tricross qui était assez lourd et pas trop maniable. Mais il était sympa pour faire des voyages à vélos et pouvoir mettre des roues un peu plus larges. Au début ce n’était pas forcément pour les chemins, mais plus pour être confort sur de la longue distance.
Comme j’ai fais beaucoup de route et que les bagnoles dans la région parisienne c’est hyper dangereux et plutôt stressant, ça m’a vite intéressé de pouvoir passer de la route aux chemins rapidement. Le Gravel c’était vraiment top pour une utilisation urbaine et pour rejoindre la nature. Un vrai vélo polyvalent !