Les Experts Bikepacking : les conseils de Yann Gobert

L’Atlas Mountain Race

On sait que tu as participé à l’Atlas Mountain Race, la Born To Ride, etc.
Qu’est-ce qui t’as motivé à faire de l’ultra-distance à vélo ?

Le fait de se démerder ! Et de voir si tu es capable de tenir autant d’heures sur une selle !

L’effort physique de longue durée ne me gêne pas, car cela fait des années que je cours de longues distances donc je sais qu’au niveau mental et physique c’est bon. Mais là c’est quand même plus d’organisation. Par exemple l’UTMB (Ultra-trail du Mont-Blanc) tu arrives, tu récupères ton dossard, tu vas au départ et à chaque ravitaillement tu trouves de quoi bouffer, des médecins et tout ce que tu veux. Alors que le Maroc, sur l’AMR (Atlas Mountain Race), tu pars et tu te démerdes. Tu trouves un mec au check-point qui tamponne ton passeport et tu te casses pour continuer.

Tu as une vraie notion d’aventure. Tu es libre de t’arrêter où tu veux et quand tu veux, il n’y a pas de vraies étapes où tu dois t’arrêter pour passer une nuit avec tout le monde. Tu fais comme tu veux, tu gères ton effort, ton autonomie. Il faut que tu sois responsable de ta course, que tu la prépares un peu plus. Ce n’est pas uniquement un effort physique, c’est aussi une organisation et un peu de mental mais c’est ce qui fait l’aspect aventure.

Ce qui te plait, c’est donc autant la préparation que la course elle-même ?

Ouais ! Se préparer, lire la carte, voir comment s’équiper pout ton trip, etc. C’est vraiment cool ! En fait, je me rends compte que j’ai vraiment besoin de visualiser le programme et de savoir où seront les difficultés, où je vais devoir m’arrêter ou bien me ravitailler car il n’y aura plus de villages. Se préparer un minimum ça te fait clairement gagner du temps, et ce n’est pas une histoire de classement mais plutôt de confort, pour pouvoir rouler à ton rythme sans te soucier du reste.

Après il m’arrive de partir encore à l’arrache, comme récemment sur le Gravelman par exemple (rires).

Comment t’es-tu préparé pour l’Atlas Mountain Race ?

J’ai déjà eu une petite expérience du Maroc avec la Titan Race, qui est un autre genre de course à VTT. Donc je savais en voyant la carte qu’il fallait que je prenne un VTT plutôt qu’un gravel. Puis j’ai regardé encore de plus près la carte pour voir toutes ces zones où tu n’as pas de ravitaillements, pour savoir combien de litres d’eau je devais transporter, de bouffe, etc. J’ai aussi vérifié les différentes températures à ces périodes-là, pour savoir comment j’allais dormir. J’ai préféré la jouer sécur’ en prenant une petite tente ultra-light pour dormir, car que tu es toujours un peu en altitude sur l’AMR. Il peut vite y avoir du vent, et s’il fait froid autant te dire que le vent te glace. Une petite tente, un matelas et un petit duvet comme ça je suis confort. Mais pour tout te dire si je devais la refaire, je la ferais différemment c’est sûr : je pense que je ne prendrais pas de tente mais un bon bivy. Je prendrais moins de bouffe. Je ferais plus léger en gros.

Y a-t-il des leçons que tu tires de ces courses ?

Sur toutes les courses, tu en retires des leçons. Dernièrement sur le Gravelman, j’ai fait pleins d’erreurs que j’aurais dû anticiper et que j’aurais en tête la prochaine fois. Une des grandes leçons c’est que j’ai besoin de me mettre des étapes. C’est purement mental, mais ça m’aide beaucoup : à chaque fois que tu en coches une, tu as l’impression de reprendre de l’énergie et de la motivation. Et on se parle de petites étapes, genre 15km par 15km quand je faisais de la course à pied. Cela t’offre une sensation de progression pour arriver à ton but.

Comment as-tu géré ton effort ? Le sommeil ?

Comme c’était ma première expérience, je ne voulais pas ne pas dormir.
C’est quand même 1250km donc mon idée était d’être un finisher et pour cela, il me fallait dormir.
En dormant 3-4h je savais que je pouvais rouler une journée correctement mais les deux derniers jours ça me faisait chier de rouler de nuit juste pour arriver plus vite alors que le paysage était dingue. J’avais envie d’en profiter aussi ! Pour tout vous dire, la dernière nuit je me suis même arrêté dans un hôtel et j’ai dormi 7h avant de repartir au petit matin et c’était super. Après chacun à sa façon de faire et c’est cela qui est super : il y a ceux qui veulent juste le finir et ceux qui veulent se dépasser et se classer.

Véritable "Outdoor Enthusiast" comme ils disent si bien. 📷Photographe et passionné de micro-aventure, je découvre avec bonheur sur le tard le bikepacking et le monde du Gravel. 🚴🏻‍♂️

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *