Aventure de Rookies : « Le Paris-Amsterdam de trois branleurs. »

JOUR 02 : Les Galères avec un grand ‘G’

Compiègne > Cambrai : 110km

Ça sera la pire journée (surtout pour Louison Bobet) mais on ne le sait pas encore. Pourtant, on reçoit très rapidement un premier signe avec la crevaison de ma roue arrière après 100 mètres parcourus. Je fais le changement de chambre à air en un temps record. Vers 10h30 on se met enfin en route. On se dit que ça va être une bonne journée car il ne pleut pas, il est même probable qu’il fasse beau en fin de journée. Optimistes. 

La route n’est pas top mais on avance, on suit le GPS qui nous fait emprunter des chemins « verts » qui ne sont pas du tout adaptés à nos roues de vélos de route. C’est un bourbier dans certains coins. Mon sélecteur de plateau ne répond plus et frotte la chaine alors je décide de le démonter de l’arracher comme une brute car ça me rend fou. 5km plus loin c’est un bruit  bizarre que j’entends sur les rayons de ma roue arrière. Une des vis du porte-bagage cède sous le poids des sacoches. Je fixe le tout avec du scotch d’électricien, du grand art. 

On suit une superbe route le long d’un canal et on croise Jacques, un cycliste sexagénaire de la région qui trouve notre projet hyper sympa. Il nous suggère de continuer à longer le canal. Le GPS de Seb n’indique pas le même itinéraire. Je monte en pression en expliquant à Seb qu’on devrait plutôt faire des kilomètres en plus tout en restant sur du goudron. Sébastien, quant à lui, tient absolument à ce qu’on fasse le chemin le plus court. On rentre dans le cliché du mâle alpha qui connait la route mais qui veut surtout pas qu’on lui explique le chemin à suivre, surtout pas ! 

Quelques kilomètres plus tard on se retrouve donc sur un chemin et Nicolas se mange une belle chute et passe par-dessus son vélo. Moi, le gros connard aigri, j’en profite pour dire à Seb quelque chose du genre : « tu vois, si on avait pris des routes on n’en serait pas là ! » Sébastien qui est très patient de nature ne répond pas. Nicolas a des bouts de peau arrachés dans la paume de la main, de même sur le côté du genou et son poignet n’est pas au mieux,  on s’arrête un peu, on désinfecte, on fait un pansement et on repart. A ce moment de la journée je suis à feu doux, quelques bulles se forment au fond de la casserole.

16:00 : On est au milieu de nulle part, nos gourdes sont vides, on meurt de soif et on croise des gens qui sont à l’apéro dans leur jardin. Dans la région ce n’est déjà plus l’heure du goûter. La chaleur humaine du Nord fait plaisir dès qu’on s’arrête pour demander si on peut remplir nos gourdes d’eau. On demande où se trouve le prochain supermarché ouvert, la  réponse évasive nous laisse entendre qu’on ne va rien trouver de si tôt. 

17h00 : il fait très chaud et on trouve une petite supérette pour se faire des sandwichs qu’on mangera assis par terre sur le parking. Les quelques personnes présentes nous prennent pour des sauvages. 30 minutes plus tard on reprend la route. On est en fin de journée mais c’est pourtant là que tout commence, route départementale, chemin de terre, route départementale, chemin de terre… CREVAISON. C’est la roue avant de Nico, pas d’inquiétude c’est du gâteau, sauf quand au moment de gonfler la roue tu casses la valve de la pompe. Mission : trouver une pompe. On entend de la musique dans un jardin, c’est un anniversaire, tout le monde  semble déjà bien rond et intrigué par notre présence. Nos hôtes veulent qu’on reste boire avec eux, qu’importe le vélo. Nous, on veut arriver à Cambrai. On trouvera une pompe quelques maisons plus loin, il reste 15km. 

Un bout de route départementale puis on arrive devant un chemin qui nous semble vraiment  être un bourbier. Seb me dit que c’est le dernier alors je dis GO, oui c’est bien moi le mec anti chemin de terre qui dis OK. Foutu pour foutu. 300 mètres plus loin, le feu est vif, les bulles sont bien là, je bouillonne. Le bourbier de trop. Mon vélo est couvert de boue, les patins de freins sont cachés sous une masse de terre et je craque. Je descends du vélo, je le saisis à  deux mains et je deviens tout vert. Le vélo récolte toute ma haine, le roues sont désormais carrées, littéralement. Ça fait du bien et je sens que Nico et Seb veulent exploser de rire devant la scène mais ils décident de rester calmes pour ne pas en rajouter. Seb, optimiste de l’extrême  trouve le moyen de dire : « oh t’inquiète j’ai une clé a rayon, on va repartir. » Sauf que dans ce cas de figure mes roues sont parfaitement irrécupérables, elles ne tournent même plus. Le cadre va très bien, la fourche aussi. Nico prend une de mes sacoches, Seb prend l’autre. Je  démonte mes roues, je les prends sous le bras et je mets le cadre en bandoulière sur mon  torse. Il reste 12km que je vais faire en courant et en marchant, les gars roulent au pas et moi  j’envisage fort de rentrer à Paris à ce moment précis. 20h30, à 3km de l’arrivée un homme dans sa voiture me propose de me prendre en stop, il sent l’alcool mais insiste pour m’aider alors parfait. Je suis cuit, ça m’arrange. 22h30 : On arrive dans notre AirBnb, on mange, on s’endort, et le réveil sonne deux secondes plus tard à 08h30.

Du bmx au fixie, en passant par le vélo de route, le velotaff et bien sûr le gravel et le bikepacking, une seule chose m'anime : photographier et partager mes aventures.

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