Discussion avec un coureur du World Tour : Max Walschield
Si on m’avait dit au moment de mettre en ligne le site que j’allais me retrouver, 7 mois après, à faire l’interview d’un cycliste professionnel venant de participer au Tour de France, Milan – San Remo et autres grandes classiques du World Tour, j’aurais sûrement éclaté de rire et changé de sujet. Mais si, nous y voilà, moi qui monte encore mes roues à l’envers, qui achète du Coca Sans-sucre durant un ravito, qui met des poches Leclerc dans mes chaussures pour ne pas sentir le froid, je dois écrire des questions à un coureur pro. Classe. Bon, qu’on se le dise tout de suite il était hors de question qu’on se la joue professionnel du cyclisme avec des questions de performances et de techniques ou bien qu’on rentre dans les détails des vélos, de ce qu’il utilise comme matériel etc etc. On est, et on reste des Rookies donc cet échange portera nos couleurs.
Max Walschield a donc accepté notre invitation pour un rapide échange autour du vélo et de ce concept de Rookies. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le géant allemand ( 1m99) est un sprinteur de l’équipe Qhubeka ASSOS ( NTT Pro Cycling ) et participait pour la première fois cette année au Tour de France en tentant d’accompagner du mieux possible son leader Giacomo Nizzolo. Un Rookie d’un autre genre si l’on veut. Alors quoi de mieux que quelques questions pour en savoir plus et s’inspirer soi-même ? Voici l’interview Go Fast réalisée par nos soins mais aussi par vous.
Salut Max ! Bon tout d’abord un grand merci de prendre du temps pour nous et de répondre non seulement à nos questions mais aussi à celles de notre communauté de Rookies.
[ LesRookies ] Peux-tu te présenter en quelques mots ? Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où es-tu en ce moment ? Et pour quelle course es-tu en train de t’entraîner ?
Bonjour à tous, je suis Max Walscheid, j’ai 27 ans et je viens d’Allemagne. En ce moment, je suis dans un hôtel à côté du circuit de Formule 1 de Yas Marina à Abu Dhabi. Le Tour des Émirats arabes unis commence ici dimanche ! Les prochains grands objectifs sont les classiques belges et Paris-Roubaix.
[ LesRookies ] On se sent chanceux de pouvoir parler à un pro car, comme tu peux le voir dans le nom de notre site, on s’adresse aux Rookies. Ce mot veut tout et ne rien dire… Pour toi c’est quoi un Rookies ?
Tout d’abord, quand j’ai commencé sur le WorldTour, j’étais moi-même un Rookie et je ne l’oublie pas. J’ai beau faire du vélo depuis des années et des années, quand je suis arrivé sur le World Tour, beaucoup de choses étaient nouvelles pour moi. Donc peu importe ce que vous faites et depuis combien de temps, il arrivera toujours que vous soyez le Rookie de quelqu’un, de vous sentir débutant !
[ LesRookies x @papy_max_rider ] Personnellement, le jour où j’ai compris qu’il ne fallait pas mettre de caleçon sous son cuissard, j’ai compris ironiquement que j’étais vraiment un débutant. C’est quoi ton souvenir de Rookie à toi ?
Hahahaha, c’est vrai et je me souviens très bien de ce moment également quand j’étais Junior.
Pour ma part, mon souvenir de Rookie c’est quand pour la première fois je fais un podium sur une course. Personne ne me connaissait et je suis arrivé les jambes non-rasées… Un NO-GO total dans le monde de la course 🤣
[ LesRookies ] On adore cette question et on la pose à tout le monde : C’est quoi le truc que tu aurais aimé savoir direct quand tu as commencé le vélo mais qu’on t’a appris que trop tard ?
Le plus important est de prendre plaisir dans ce que vous faites.
[ LesRookies ] Et inversement, quel conseil donnerais-tu à un Rookie ?
Ne vous prenez pas trop au sérieux.
[ @monsieur_pedro ] On te voit en compétition, sur les grandes classiques ou bien dans des phases d’entraînements qui ont l’air hyper intenses… Tu gardes toujours la même passion pour le vélo ?
Lorsque vous devenez professionnel, vous transformez votre hobby en travail. Ce qui est bien évidemment génial, mais aussi difficile à certains égards. En tout cas, j’aime être professionnel.
J’entame ma 6ème année de WorldTour, j’ai voulu entrer dans ce monde, donc je savais qu’il y aurait des moments difficiles tout comme des moments où vous pouvez profiter et vous relâcher en étant moins sérieux.
[ @marchamdeclup ] Et est-ce qu’il t’arrive de faire du vélo par pur loisir ? Par exemple un bon gros trip bikepacking avec des potes pour ressentir le côté aventure…
Honnêtement, sachant que je vais faire du vélo toute ma vie, je ne vais pas en plus partir en vacance avec. ahahaha. Le vélo est tout pour moi et c’est de loin le meilleur sport je trouve. Bien évidemment, j’ai encore des choses à tester et le bikepacking en fait partie mais pour le moment, à part le vélo de route je pratique aussi le VTT et j’adore ça !
[ Cedric_leclercq ] D’ailleurs tu perçois comment l’explosion du bikepacking et du gravel dans le monde ?
Je pense que c’est super et que le cyclisme en général connaît un développement important. De toute façon, je me dis que plus il y a de gens qui font du vélo, mieux c’est.
[ LesRookies ] Première participation au Tour de France en 2020. Qu’est-ce que ça fait d’être le petit nouveau sur une épreuve ? As-tu été perçu comme cela par les autres coureurs ?
C’était incroyable et ça l’est toujours. J’ai la chair de poule en y repensant. Dans la course elle-même, je n’étais pas très nerveux. Plus concentré. Je savais quoi faire et j’étais bien performant, donc je faisais partie de la course comme tous les autres coureurs. 🔥
[ @leziwok x @schmittorrr ] Tu es dans la catégorie des sprinteurs, donc j’imagine que les étapes de montagnes tu n’es pas un grand fan… Comment tu te prépares physiquement et mentalement au dénivelé ? Et comment tu gères l’effort sur 3 semaines ?
Haha, c’est vrai. Le Col de la Loze, par exemple, n’était clairement pas un plaisir. Je m’entraîne autant que possible en montagne, j’essaie d’avoir un bon poids de course pour à la fin souffrir le moins possible.
Sur trois semaines, il faut rester mentalement stable. Essayez de donner le meilleur de vous-même pendant les courses, mais ne soyez pas non plus stupide après la course. La récupération est très importante, donc manger, par exemple, en fait partie. Mangez ce qu’il faut, mangez suffisamment, reposez-vous, dormez, roulez à nouveau.
[ @matmtp x @Rookies ] Tu as roulé dans pas mal de pays et sur beaucoup de compétitions. Est-ce que tu prends le temps de savourer le paysage sur une étape ? Y a-t-il un pays ou une région qui t’a particulièrement marqué et que tu nous recommande de visiter à vélo ?
Sur le Tour de France, la région autour du Col de Roselend était magnifique. J’y suis allé pour l’entraînement et aussi pour la course. C’était une étape très difficile, mais heureusement, j’ai passé une bonne journée et j’ai pu en profiter.
J’ai aussi adoré le Tour de Californie. Aller de la plage jusqu’à 2000 m et ensuite jusqu’au lac Tahooe, où j’ai déjà été en vacances, c’était incroyable. Vous pouvez nager dans la mer et skier dans les montagnes le même jour. Il n’y a pas beaucoup d’endroits comme celui-là. La Catalogne en Espagne avec Andorre et ses montagnes et ses plages sur la côte est similaire. C’est incroyable !
[ @lourssl] Et pour finir, question qu’on se pose tous.
À la fin d’une étape, d’une journée de vélo… Vous buvez quelques bières comme nous ou pas ? Une reco de bière pour nous ? ahahah.
Hahaha. Bien évidemment. Surtout quand vous gagnez. Donc je dirais que sur certaines courses oui, et d’autres non…
Si vous n’avez pas directement besoin de prendre un avion, d’aller à la prochaine course ou de faire quelque chose de similaire, alors une bière ne me dérange pas du tout !