Paris – Montréal : deux jours Gravel et Bikepacking

Les rookies - Paris Montreal Gravel

En Juillet 2020, j’étais censé m’envoler pour le Canada et découvrir Montréal et son incroyable nature environnante. Malheureusement, un certain Covid en a décidé autrement.

Mais je ne me laisse pas abattre si facilement.
J’irais à Montréal coûte que coûte.

Me voici donc parti pour rejoindre Montréal dans l’Yonne, (très) charmant village de 193 habitants perdu au milieu des côtes Bourguignonnes à 250km de Paris.

Récit de mon premier voyage à vélo avec bivouac, au milieu de notre belle France qui ne cesse de m’étonner par la splendeur et la diversité de son terroir.

Tracés, photos, liste du matériel, et liens divers se trouvent en bas de l’article 😉

Jour 01 – Paris > Villeneuve-sur-Yonne

155 kilomètres / 1300 mètres D+ / 87% off-road

Une fois le tracé préparé sur Komoot en mode VTT, je m’élance vendredi matin, excité par cette nouvelle micro-aventure. Après un faux départ à cause d’un oubli de gourdes, me voilà sur les chemins, sous une petite pluie rafraîchissante.

Les premiers kilomètres sont à la hauteur de mes attentes et de mes goûts, en forêt : Forêt de Fausses-Reposes, forêt de Meudon, forêt de Verrières. Après ça se complique… Passage obligé par les pistes cyclables vraiment pas sexy de Massy, Chilly-Mazarin, Juvisy, Vitry-Chatillon. C’est pas le chemin le plus agréable, mais ça vaut le coup. Me voilà le long de la Seine, puis enfin dans la splendide mais technique forêt de Fontainebleau.

Fontainebleau me donne du fil à retorde. Quelques passages particulièrement rocailleux me forcent à descendre de ma bicyclette pour la pousser. Mais tout ceci vaut le coup, encore une fois. Après quelques efforts j’arrive à la Tour Denecourt : poste d’observation de la forêt de Fontainebleau situé à 136 mètres d’altitude, offrant une vue à 360 degrés sur la forêt. De là part une route bitumée en descente que je dévale en mode hypervitesse, les babines au vent.


Après les forêts : les champs. Des chevaux, des tournesols, du blé, des villages aux noms rigolos, des collines aux courbes généreuses, des églises, des basse-cours, des petits vieux sur des bancs. Bref. Le terroir, putain.

Mais le terroir a un prix. Il faut souffrir pour voir du beau.
Les chemins agricoles me charment mais finissent par me briser les paumes, les poignets, l’arrière-train, et mes petits muscles fraîchement déconfinés. Après 135 kilomètres off-road, la vitesse baisse et la faim commence à se faire sentir.

Je me fixe donc Villeneuve-sur-Yonne comme objectif de fin de journée. J’y trouve un chaleureux kebab, puis je m’éloigne un peu de la ville pour trouver mon spot de bivouac pour la nuit.


Ce voyage était l’occasion de mon tout premier bivouac. De ma vie.
Après avoir regardé des dizaines de vidéos de survivalistes sur YouTube, je me sentais prêt pour poser mon campement en tout sérénité.

Pour dormir, j’avais avec moi un hamac, un tarp, et un sac de couchage Sea To Summit. Il ne restait plus qu’à trouver le spot parfait pour m’installer. Et ça m’a prit plus de temps que prévu.

J’ignore si c’est mon manque d’expérience, mais trouver des arbres pour installer un hamac s’est avéré plus compliqué que je n’imaginais.
Il faut une distance pas trop petite, mais pas trop grande. Un diamètre pas trop fin, mais pas trop gros. Mais surtout, il faut deux arbres accessibles : sans un amas de fougères, arbustes, ou hautes herbes à leurs pieds.

Mais ça valait le coup de patienter : après une petite heure de recherche et d’exploration, je fini par trouver un bien chouette spot, en lisière de bois, face à un beau champ de blé. Et selon mes calculs, je me réveillerais face au lever du soleil, plutôt cool.


La nuit en hamac s’est plutôt bien passée. La fatigue a fini par me faire tomber, même si j’admets avoir eu un peu de mal à m’endormir rapidement.

Il faut avouer que dormir solo dans un hamac entraîne un petit sentiment de vulnérabilité déroutant auquel je ne m’attendais pas. En effet, contrairement à une tente, je n’avais pas ce sentiment d’abris fermé qui me protège des éléments extérieurs, malgré la moustiquaire intégrée.

Jour 02 – Villeneuve-sur-Yonne > Montréal

115 kilomètres / 1300 mètre D+ / 40% off-road

05h09 – Réveil avec le soleil.
Malgré l’expérience nouvelle du hamac : quel confort, et quel kiff de se lever au contact direct de la nature qui m’entoure !

Il fait froid, la lumière est superbe, il n’y a pas un bruit à part les oiseaux.

J’ai la banane.

Je me lève tranquillement, prends le temps de profiter, de faire des photos, de ranger mon campement sans me presser. Je me traîne, et ça fait du bien. Départ en selle, 07h00, en direction de la première boulangerie que je peux trouver pour le ravito.

Les premiers kilomètres se font par la Forêt d’Othe. Absolument splendide. Je croise des biches, des renards, des lièvres, la lumière est douce et la température bien fraîche. J’ai ce terrain de jeu pour moi tout seul, je suis émerveillé, comme dans un rêve.

Mais les premiers kilomètres de chemins escarpés me renvoient vite à la réalité. Les 135 kilomètres off-road de la veille ont laissé quelques séquelles, et je prends vite conscience que je ne vais pas pouvoir continuer ainsi longtemps.

Initiallement, après Montréal, j’avais prévu de continuer mon trip encore deux jours, pour traverser le Parc du Morvan et aller dormir à Poil (Badum Tsss). Mais il a fallu vite me rendre à l’évidence : si je continuais, ce trip allait transformer le plaisir en souffrance. Et souffrir juste pour faire une blague nulle sur Instagram, ça vaut pas le coup.

Je ne suis pas venu pour souffrir, okay ?

Je profite donc de ma pause boulangerie pour revoir mes plans :
– je change mon itinéraire pour un tracé plus roulant et moins rocailleux
– je décide de m’arrêter à Montréal et de ne pas continuer jusqu’à Poil
– je réserve mes billets de TER pour rentrer à Paris depuis Avallon, à 15km de Montréal

Et bien je peux vous dire que malgré un itinéraire plus roulant, j’en ai chié. Les Côtes de Bourgogne, vaut mieux les boire que les rouler.
Le dénivelé n’est statistiquement pas insurmontable, mais qu’est-ce que les montées sont longues ! Mais ça ne suffit pas pour gâcher mon émerveillement. Le terroir est splendide, et je me régale à chaque kilomètre.

Les vignes et les collines défilent, et j’arrive à Montréal à 13:20.
Le village est incroyablement charmant, bien que je sois déçu de n’y trouver aucun restaurant de Poutine.

Je suis absolument ravi d’avoir pédalé jusque là. Mais tout autant soulagé d’avoir su m’arrêter quand je sentais que je ne prenais plus de plaisir.

Repousser ses limites, sortir de sa zone de confort et trouver un certain plaisir dans la souffrance est admirable, et je suis le premier à l’encourager. Mais dans le même temps, il faut savoir trouver le juste équilibre entre plaisir et douleur pour continuer à évoluer sainement.

Si vous sentez que vous poussez trop loin, trop fort, et que ça ne vous stimule plus. Ne vous mettez pas la pression. C’est tout à fait ok de renoncer et de changer ses plans. Et j’aurais toujours plus de respect pour quelqu’un qui a le courage d’admettre sa faiblesse, que pour quelqu’un qui jouera au fort jusqu’au bout pour ne pas perdre la face.

Bref. Prenez soin de vous, prenez du plaisir, prenez du temps. ❤️

Le tracé

👉 Le tracé théorique :

Paris > Montréal > Poil > Gare TGV du Creusot
https://www.komoot.fr/tour/212974596

👉 Le tracé réel :

Jour 01 – Paris > Villeneuve sur Yonne – 80% off-road
https://www.komoot.fr/tour/223865918

Jour 02 – Villeneuve sur Yonne > Montréal > Gare d’Avallon – 40% off-road
https://www.komoot.fr/tour/217153196?

Le matériel

Le vélo : Ribble – CGR AL
Les sacoches : Ortlieb et Oveja Negra
Le GPS : Wahoo ELMNT Bolt
La tenue : Odlo
Le hamac : Sea to Summit – Jungle Hamac
Le tarp : Sea to Summit – Jungle Tarp
Le sac de couchage : Sea to Summit – Trek TKII
Les lunettes : Julbo – Rush
L’appareil photo : Fujifilm XT-2
La playlist : Despacito huit heures par jour


PS : Retrouvez le récit en photos dans notre story épinglée sur notre compte Instagram @LesRookies

Du bmx au fixie, en passant par le vélo de route, le velotaff et bien sûr le gravel et le bikepacking, une seule chose m'anime : photographier et partager mes aventures.

2 Comments

  1. Ce récit est tout simplement génial! Ca fait plaisir de lire des récits sincères et sans filtre, et de dédramatiser un peu la possibilité de dire « stop », bien que les distances et D+ journaliers soient sacrément impressionant me concernant (on est tous le rookie de quelqu’un d’autre non?).

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