« Chiantilly » – Baptême des 100km pour un nouveau Rookie
“ Là… Je ne suis pas beau à voir de l’extérieur…. mais à l’intérieur… c’est le bonheur….”.
Étienne me lâche cette phrase à 17h, après avoir passé le 100ème kilomètre. Pour beaucoup, parcourir 100 bornes est une formalité, un entraînement du week-end, mais pour lui c’est une première, un dépucelage si je puis dire. Et c’est cette approche, cette émotion si particulière et si naturelle qui nous anime chez les Rookies. Étienne vient tout juste d’avoir son vélo ( quelques mois plus tôt ) et comme beaucoup s’est laissé tenté par la pratique du Gravel sans rien y connaître réellement. Et c’est là que se trouve la magie, ce petit ingrédient qui donne tout son sens à l’existence de notre site et de notre approche. Bref, Etienne est un bleu, un novice, un junior, un bébé, un Rookie.
Il est 7h30 ce dimanche matin et la météo nous annonce un froid glacial. Pas grave, l’envie d’aller faire les cons dans la boue est plus forte. Aujourd’hui l’idée est d’emmener Étienne et son pote Clément pour une sortie “Gravel” en dehors de Paris. La trace Komoot a été partagée la veille et nous emmène jusqu’au Château de Chantilly avec quelques passages par les champs et les forêts. Tout le monde semble emballé, les vélos sont prêts et on fait le point sur le matériel pour savoir ce que l’on peut prêter ou non. 8h00 tout le monde se retrouve à Pigalle et on monte en selle pour ne pas perdre une minute. Avec nous, il y a également Clément qui vient de recevoir un joli Canyon sous son sapin et qui compte bien le tester sur la journée tout en se testant lui-même. Le seul conseil qu’on lui donnera c’est “Et le casque ?!” car pour une sortie en dehors de Paris en Gravel qui plus est, le casque nous semble un élément juste indispensable.
Les premiers kilomètres pour sortir de Paris sont roulants mais pas du tout agréables. À la différence avec notre sortie dans la Beauce, on se retrouve non pas sur une belle piste cyclable à traverser des parcs mais à enchaîner les quartiers, les barres d’immeubles trouvant des micros-chemin entre deux parkings de tour HLM jusqu’à enfin accéder à un chemin au milieu des champs. Là, l’atmosphère est assez étrange, la température a chuté et le brouillard flotte un peu au-dessus de nous. On roule tranquillement dans un calme inquiétant. Le calme avant les galères ? Car pour la faire courte et aller directement à l’histoire d’Étienne, nous allons très vite nous confronter à 4 éléments perturbants et épuisants :
- LA BOUE : Pour un Rookie, la boue peut paraître amusante et super à photographier mais quand on n’a pas les bons segments de pneus cela peut vite devenir un gros obstacle. On pousse sur les pédales, on tombe, on pue… bref, tout ce qui m’amuse personnellement mais qui peut très vite en repousser plus d’un.
- LE SABLE : Chantilly est renommé pour son univers équestre et plus on s’approche du château plus les chemins sont pensés pour cette pratique reine dans le secteur. Normal. Sauf qu’en vélo, l’effort dans le sable est quelque chose de très particulier.
- LE FROID : Plus la température baisse, plus ton corps cherche à se réchauffer et donc puise dans ses réserves. La fatigue se fait plus vite ressentir et des mirages de Kebab t’arrivent soudainement en pleine forêt. Étrange.
- LA CHASSE : Nous n’allons pas débattre ici du sujet mais entendre les détonations non loin de toi ( même très proches ) quand tu es toi-même en train de rouler dans les bois, tu serres les fesses pour ne pas ressembler à un lapin ou pour que le chasseur n’ait pas de problèmes de vue…
Revenons à Étienne !
À son palmarès, quelques sorties de 50km autour de Paris durant des jours meilleurs. À ses pieds, une paire de Nike Air. Dans sa tête, la volonté de relever ce qui va très vite devenir pour lui un challenge : 100km. Plutôt que de continuer le récit de cette petite virée, je vous propose de laisser Étienne répondre à quelques questions sur ce qu’il en a pensé, ce qu’il a ressenti et ce qu’il en retient.
Hey Étienne ! Merci de répondre à mes questions et de ne pas m’en vouloir après la sortie de dimanche. Sur la fin, tu semblais vraiment au fond et pourtant tu n’as pas lâché. Tu te sentais comment en arrivant chez toi ?
D’abord je me suis demandé si mon heure était venue. Je voyais flou, j’avais du mal à faire deux mètres dans l’appartement, j’avais les pieds bleus, rouges et blancs… Sur la fin je rêvais de sucre, je ne pensais qu’à une chose : le paquet de bonbons entammé chez moi. Ça m’a obsédé sur les 10 derniers kilomètres. Une fois que j’ai pu refaire le plein en sucre et en eau j’étais vraiment fier de ne pas avoir lâché et relevé ce défi perso : passer la barre des 100km. Finalement assez vite restent uniquement la fierté et la satisfaction
On s’est pas mal demandé avec Gobert si on n’avait pas poussé un peu le bouchon trop loin pour une première mais en même temps, tu voulais absolument continuer. Pourquoi, selon toi, on s’entête à relever ce genre de défi ?
La sensation de pousser ses limites physiques, ce n’est pas une chose à laquelle je suis habitué, pas à ce point. J’avais vraiment envie d’aller au bout pour voir de quoi j’étais capable. Et puis même si le vélo est avant tout un plaisir pour moi ça reste aussi du sport donc se fixer des objectifs reste quelque chose de motivant qui pousse à ressortir régulièrement. Je ne suis pas forcément fan des segments Strava mais quand j’en vois un arriver ca me démange toujours d’appuyer un peu plus. D’ailleurs au final ces segments m’intéressent uniquement pour ma progression, pas pour battre les records des autres donc encore une fois c’est une bataille contre moi même et mes limites.
Et au final, est-ce que cela t’a donné envie d’enchaîner d’autres sorties de ce genre ou bien est-ce que cela t’a dégoûté ?
Je suis hyper chaud de ressortir et je vais le faire dès le week-end prochain. L’envie d’explorer à vélo est quelque chose que je découvre et je suis pas près de lâcher. En revanche je vais revenir sur un format autour de 50km et attendre un peu le retour de meilleures conditions météo pour reprendre des sorties plus importantes car sur les derniers 40km j’ai pas vraiment profité du paysage.
Qu’est-ce que tu as préféré entre la boue, le sable, le froid et la chasse ?
Clairement j’avais sous-estimé l’effort à fournir pour un 100km dans ces conditions. Clément m’avait prévenu mais moi j’avais mon objectif en tête donc j’ai foncé. Le pire c’était indéniablement le sable, un vrai cauchemar. La boue et le froid on se dit que ca fait parti du décor de ce genre de sortie, le sable c’est de la merde, on en veut pas et c’est pas drôle. La chasse ca fait bien flipper mais avec Yann en chef de file qui annonçait notre position en sifflant et en beuglant on se sentait rassuré.
En roulant, tu parlais de rapidement s’équiper. Qu’est-ce qui te semble indispensable maintenant et que tu veux vite te procurer ? ( L’EPO n’est pas une réponse acceptable ).
J’ai vraiment les basiques aujourd’hui : casque, chambre à air, démonte pneu, pompe et chamois. Deux trucs m’ont manqué sur cette sortie. Le premier c’est les sacoches, heureusement tu m’en a prêté une. D’habitude je sors avec un sac à dos mais vu l’épuisement physique que j’ai ressenti, je me dis qu’avec un sac je n’aurai pas tenu. Ensuite la deuxième chose c’est les pédales auto. Pas pratique pour la boue quand on débute, mais la réduction de l’effort m’aurait bien été utile aussi. Du coup au moment où on se parle, les sacoches sont commandées, pour les pédales je vais m’y pencher bientôt !
Merci d’avoir répondu à ses quelques questions.
Encore une fois cet article n’est pas une aventure à couper le souffle mais plus un “partage” de Rookie à Rookie. Nous aimons nous dire qu’il est possible ( et que l’on doit ) de se féliciter d’un premier 100km tout comme on se féliciterait d’être finisher d’une course d’Ultra-longue distance.