Visite chez les Cycles Cavale.

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Une des choses que j’aime par dessus tout dans le vélo, c’est la diversité. Peu importe votre usage, peu importe votre âge, peu importe vos besoins ou vos envies, vous trouverez FORCÉMENT pédale à votre pied. Il suffit de se poser cinq minutes le long d’une piste cyclable fréquentée pour se faire hypnotiser par l’incroyable diversité des montures qui y circulent.

On a bien conscience que les vélos que l’on va vous présenter dans cet article ne correspondent pas nécessairement à des vélos de Rookies. Néanmoins, ce qui a retenu notre attention, c’est la belle histoire derrière les Cycles Cavale. L’histoire de rencontres humaines, qui permettent à un savoir-faire de continuer de briller, le tout entièrement pensé, conçu et fabriqué en France. Et ça, vous le savez, le savoir-français, on le mettra en avant autant qu’on pourra.

Récit d’une matinée avec les Cycles Cavale, qui commence par une balade bien fraîche et fini par les yeux écarquillés d’émerveillement dans l’atelier historique d’Alex Singer.

Le fond et la forme.

On avait croisé les montures Cavale quelques fois sur internet. Difficile de ne pas se souvenir de ce look rétro mais intégrant une batterie pour l’assistance électrique. Un design quelque peu anachronique qui marque les esprits à coup sûr.

Lorsqu’on nous a proposé de passer une tête dans leur showroom pour essayer les montures et pédaler jusqu’à Levallois-Perret afin de découvrir l’atelier Alex Singer, on a pas hésité longtemps.

En effet, après quelques recherches sur les internets, notre curiosité a forcément été attisée par leur promesse : « Faire des vélos réellement français, pour le fond et pas pour la forme.« 

Alignement de planètes françaises.

On se retrouve donc dans la discrète mais (hy-per) charmante petite cour du Showroom Cavale dans le 9ème arrondissement de Paris.

Martin Bouche, l’un des co-fondateurs de la marque nous accueille, et notre discussion matinale s’oriente rapidement vers les belles montures au look néo-rétro exposées sous nos yeux.

Les cadres sont conçus dans le Centre, les roues en Bretagne, les batteries viennent de Villeurbanne, les pédaliers et jeux de direction de Saint-Etienne, les garde-boues de Pont-de-Vaux dans l’Ain, la guidoline arrive d’Argenteuil et même les stickers sont imprimés à Nantes.
Et les selles ? Ce sont des selles Idéales, fabriquées à Toulouse.
« Si vous aimez les belles histoires, vous devriez les contacter », nous glisse Martin. C’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

Bref, « Avant même de rouler, chaque vélo a fait le Tour de France.« 
Une super occasion de revoir nos cours de géo du collège.

Mais alors pourquoi et comment sont nés les Cycles Cavale ?
Par la rencontre de trois passionnés partageant la même volonté de proposer quelque chose de nouveau sur le marché du vélo : Martin Bouche, qui a construit sa carrière aux Pays-Bas autour de vélos électriques. Nicolas Prado, photographe et directeur artistique. Et Olivier Csuka, cadreur renommé et fier successeur d’Alex Singer.

Le résultat reflète à la perfection ces trois profils : des vélos avec une ligne électrique sur-mesure remarquable, au design admirable et incomparable, construits et assemblés avec une attention au détail supérieure, fidèle à l’héritage Alex Singer.

D’un côté Martin et Nicolas cherchaient un artisan capable d’offrir une expertise et un savoir-faire, de l’autre Olivier cherchait des partenaires pour fabriquer des cadres en France à plus grande échelle, subissant la perte du tissu industriel français. La rencontre en elle-même est un peu dûe au hasard, mais il semblerait que les planètes se soient merveilleusement alignées. Les Cycles Cavale sont nés.

« Et puis visiblement ça nous a pas trop mal réussi, non ? » nous lance Olivier, sourire en coin. Oh oui, on peut appeler ça une réussite.

Un copain qui te cache du vent

Allons-nous profiter de cet article pour relancer l’interminable débat sur l’assistance électrique ? Non. Chez Les Rookies on est ni pour, ni contre, chacun fait ce qu’il veut. Et si ça peut encourager qui que ce soit à se mettre en selle, yolo !

En tout cas on doit avouer que la ligne électrique développée spécifiquement pour les Cavale, est vraiment remarquable. On se sent accompagné en toute douceur au démarrage, comme si l’assistance s’adaptait à nos besoins. Un peu comme si vous aviez soudainement un copain qui venait se placer devant vous pour vous couper du vent. Et puis on doit admettre, que c’est bien la première fois qu’on n’a pas grimacé en voyant une côte sur notre itinéraire. Le Montmartring n’a jamais été aussi plaisant.

L’ego-boost

Putain, faut admettre qu’ils sont beaux les Cavale. Tellement beaux qu’on s’est fait questionner au feu rouge. « Mais ?! C’est un vélo électrique ?! Il est beau ! » Même si le compliment était pour le vélo, on l’a prit pour nous. Un formidable ego-boost.

Le design intemporel façonne un remarquable pont entre le rétro et le moderne, parvenant pourtant à se faire passer pour un simple single-speed urbain. Rien d’étonnant quand on connaît la politique « Less is more » de Cavale : « Pas d’artifices qui augmentent le prix du vélo, et qui sont aussi facteurs de panne. »

Et ça, ça nous plaît. Aller à contre-pied de la tendance générale qui veut tout connecter, tout futuriser, tout start-uper. Pas de compteurs, pas d’appli mobile, pas de cadenas connecté, pas de promesses futuristes. Un bouton on/off sur la batterie, une led pour le niveau de charge, et un moyeu discret et efficace. Juste de la simplicité, juste de l’efficacité. Tellement simple et tellement efficace, que le vélo ne pèse que 14,7kg avec sa batterie, le rendant totalement utilisable et maniable, même avec l’assistance électrique éteinte.

La légende Alex Singer

On sait que depuis le début de cet article on parle des légendaires cadres Alex Singer comme si vous étiez tenus de déjà savoir qui c’est. Rassurez-vous, en bons Rookies nés autour des années 90, on a prit la mesure de la renommée Singer qu’une fois qu’on s’est retrouvés dans son atelier historique à Levallois-Perret, là où son histoire a commencé, et là où sont aujourd’hui assemblés les Cycles Cavale.

Pour la partie biographique, Alex Singer est né en 1905 à Budapest, et émigre en France en 1923. Dans les années 30 il pratique le cyclo-tourisme avec sa femme Maria sur un tandem, et ils ont un sacré carnet de voyage : en 1937 ils pédalent de Paris à Budapest, puis en Suisse, Autriche, Belgique, ou encore en Allemagne. Il paraît qu’il n’y avait pas encore de sacoches Apidura ni de cuissards Rapha à l’époque. Respect.

C’est en 1938 qu’il s’installe à Levallois-Perret en tant que « artisan constructeur de cycles », au 53 rue Victor Hugo. Son expertise initiale : les vélos de cyclotourisme, et notamment les tandems. En participant à différents concours techniques il gagne en notoriété. Comment ? Grâce à des vélos solides, légers, innovants et avec une attention au détail toujours exceptionnelle. Bref, un véritable connaisseur, un véritable passionné, et un véritable puriste.

Sa biographie complète est absolument fascinante. S’y mêlent voyages incroyables, rencontres incroyables, innovations incroyables, et même anecdotes incroyables. Comme la fois où il a été emprisonné par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale, réussit à s’échapper, puis a vécu une vie semi-clandestine pendant toute la durée de l’Occupation. Mais on s’éloigne du sujet, alors si ça vous intéresse, on vous invite à lire l’histoire des Cycles Alex Singer sur leur site, d’où nous tirons ces belles images d’archives.

Quand on a débarqué dans l’atelier de Levallois-Perret, on a soudain prit la pleine conscience de l’historique de cet endroit. On s’est senti tous petits et tous humbles sous le poids remarquable de l’Histoire de ce lieu. Encore plus quand il a fallu se présenter à Olivier Csuka.

Olivier est cyclo-touriste, compétiteur (29 saisons de compétition à la FFC), cadreur, et il est profondément attaché au savoir-faire des Cycles Singer dont il a reprit la direction en 2014, après son père Ernest Csuka, petit-neveu d’Alex Singer.

Bref, pas tout à fait un Rookie, et il ne fait aucun doute qu’Olivier a dû un peu paniquer quand il a vu deux petits jeunots cochants toutes les cases du cliché du petit hipster parisien débarquer dans son atelier. Néanmoins, les étoiles dans nos yeux ont dû lui faire changer d’avis, et la visite s’est transformée en une chaleureuse discussion autour d’un rafraichissant Ricard à l’étage de l’atelier.

Entourés de cadres pendus au plafond, de roues empilées, d’un joyeux bordel organisé d’outils et autres pièces détachées, on s’est plongé dans l’histoire et la vision d’Olivier : une vraie volonté de se démarquer par la qualité et la durabilité du vélo. « Ça par exemple, tu vois, c’est un vélo qu’on vendait comme vélo de ville, et la cliente elle roule dessus depuis les années 1980. Elle part à la retraite là, mais pas le vélo. Parce que la base du vélo c’est quand même le cadre. Et ça, y a plein de gens aujourd’hui qui ne le comprennent plus. Et un bon cadre, c’est une question d’assemblage : l’assemblage de tous les tubes les uns aux autres, qui fait que le cadre a sa rigidité, son durabilité, son rendement, son confort… »

On était déjà fasciné par la passion contagieuse d’Olivier, mais alors on est tombé amoureux quand notre discussion a dévié de la technique du cadre à la joie de pédaler : « Ce qui compte c’est le plaisir. Le plaisir c’est pas de dire qu’on a roulé à telle ou telle vitesse. Le plaisir c’est d’emmener quelqu’un avec nous, et de savoir qu’il reviendra rouler la semaine prochaine. » Amen. Cette phrase est certifiée Rookies.

« Le vélo, c’est une leçon d’humilité. C’est un outil merveilleusement simple, mais quelque part très complexe, mais véritablement addictif. Juste pour le bénéficie bien être, l’essayer c’est l’adopter. Vous rentrez du boulot, vous faites 20min de vélo, et tout de suite, vous vous videz l’esprit. »

Et c’est ce qu’on a fait.

On a quitté l’atelier, la tête encore toute émerveillée
par cette visite hors du temps et du commun.

Coup de pédale après coup de pédale,
on s’est vidé l’esprit sur nos Cycles Cavale.

(eh ouais mon pote, je fini l’article sur une rime.)


Cycles Cavale :
43 rue Laffite – 75009 Paris
www.cavale.cc
Instagram // Facebook

Alex Singer :
53 rue Victor Hugo – 92300 Levallois-Perret
www.cycles-alex-singer.fr
Instagram // Twitter `


Du bmx au fixie, en passant par le vélo de route, le velotaff et bien sûr le gravel et le bikepacking, une seule chose m'anime : photographier et partager mes aventures.

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