« Paris accepté » par Fiona & Bryan
On a commencé par vouloir explorer l’Italie pour finalement terminer à Paris. Logique ? Pas forcément quand on habite en Suisse et qu’on aime les grands espaces. Comment en est-on arrivé là ? Grâce à une idée, quelques bons coups de pédale et beaucoup de motivation.
Il reste une semaine avant le week-end de Pâques. Cette année, comme l’année dernière d’ailleurs, cela représente pour nous 4 jours consécutifs à pouvoir s’adonner aux joies du pédalage et surtout à s’entraîner pour ce qui est notre plus gros challenge en vue, le parcours de 500 km de la Race Across France.
Notre idée initiale est d’aller profiter du soleil et de la chaleur du Sud autour du lac Majeur et du lac de Côme. Mais voilà, 7 jours avant le départ la météo est encore incertaine et le prix des hôtels, comme leur disponibilité, s’envolent gentiment. On cogite, on remet en question notre choix et puis on décide de laisser de côté les sites de réservation pour profiter de la meilleure des remises en question, s’aérer l’esprit à vélo. Et c’est justement en plein milieu de ce tour que Bryan a une illumination : et si on allait jusqu’à Paris ? En plein effort et dans le dur, Fiona lui demande d’abord de se taire mais l’idée a le temps de cogiter et de faire sa place dans nos deux têtes. La destination est un peu moins sexy mais nous excite finalement tout autant. De retour à la maison, après quelques recherches, tout colle : une météo ensoleillée, un retour possible en TGV et un tracé divisé en 3 jours + 1 jour off en bonus. Défi accepté. On booke trois hôtels et deux billets de train. Bye les bords du lac, à une autre fois les Spritz et glaces italiennes, bonjour… ? Bonjour Paris !
Il s’agit bien d’un petit défi pour nous. Manger 500 km en 3 jours, c’est une première. La partie la plus difficile est prévue la première journée : 200 km (les 2e de notre vie) et plus de 2200 m de dénivelé positif. On hésite un instant à s’épargner les 30 premiers kilomètres afin de diminuer le dénivelé de 500 mètres, puis on se ressaisit. Il faut tenter. Les deux autres jours seront moins conséquents. Et puis, surtout, partir depuis sa porte à vélo pour arriver à Paris à l’unique force des jambes, ça en vaut la peine (quand remis dans le contexte, vous habitez à plus de 400 km de là et dans un autre pays).
Vendredi 4h30, le réveil sonne. La confection d’un jambon-beurre plus tard, nous voilà sur les vélos, prêts à dévorer les km et par la suite, nos sandwichs.
Il fait frais, le jour se lève et nous sommes animés comme des enfants partant pour leur parc d’attractions favoris. Au bout de 8 km, une des rares voitures présentes à cette heure-là en ce jour férié, nous dépasse. Feux de panne comme encouragements. Puis la voiture entame une marche arrière. Bizarre. Arrivée à notre hauteur, sa conductrice nous demande si nous sommes tombés du lit puis après quelques brefs échanges, nous propose un café dans la boulangerie où elle va travailler. Malheureusement nous ne partons pas dans la même direction au prochain croisement. Si cette dame savait comment son hypothétique café a réchauffé nos coeurs. Cette escapade ne pouvait pas mieux commencer.
La suite se passe plus que bien, entre routes désertes, pains au chocolat, chants d’oiseaux et pistes cyclables boisés. Au bout de 100 km, on se prend même à se dire qu’on aurait pu tenter une étape de 300 km tellement ça roule bien. Naïfs que nous sommes, la réalité nous rattrape bien vite, comme les camions qui nous dépassent sur cette nationale bien trop fréquentée aux abords de Vesoul. S’en suivent des bosses interminables et casse-pattes ainsi qu’un bon petit mal des fessiers. La fin de journée se fait longue après 9h en selle. Mais elle ne rendra la bière d’arriver que meilleure.
A peine après avoir affronté le boss final de cette première étape qu’est la rampe d’accès à la cité fortifiée de Langres, nous voilà attablés à une terrasse encore ensoleillée pour trinquer à cette première victoire.
Les jours 2 et 3 sont clairement plus faciles et rassemblent quelques points communs : champs de colza, campagne et éoliennes. Beaucoup de campagne et beaucoup d’éoliennes.
Une des plus grandes inconnues récurrentes reste la chasse à l’or bleu 💦. Nous devenons des snipers de cimetières (bizarre dit comme ça) pour remplir nos gourdes de ce précieux liquide.
Qu’il est bon ce temps où nos seules préoccupations sont celles de pédaler, se nourrir et dormir.
Ces dernières 48h regroupent aussi quelques highlights : un des meilleurs sandwichs de notre vie comme certains boulangers français savent si bien les faire, une sieste bien méritée au milieu d’un carrefour peu fréquenté, Troyes et ses ruelles pavées, un apéro qui tourne en happy hour et un lapin sauvage …croisé le jour de Pâques ! Tout cela et d’autres petits détails forment un beau bouquet de souvenirs que nous sommes prêts à ramener à la maison. Car oui, notre itinéraire touche à sa fin.
Il reste 20 km, nous voilà dans un parc surplombant la capitale. En face de nous, en petit, la tour Eiffel. On l’a fait, ou presque. Bryan le réalise maintenant et Fiona quelques kilomètres avant. Mais à ce moment-là, un même sourire bêta s’accroche à nos visages. Nous en profitons car les derniers kilomètres se feront dans la cohue parisienne. Par-ci la Foire du Trône, par-là les nombreux autres touristes qui empiètent sur les quelques voies cyclables. L’arrivée à Paris, comme pour notre voyage jusqu’à Barcelone, n’est pas comme dans les films qu’on s’était faits dans nos têtes (et encore moins comme dans Emily in Paris pour d’autres…;-)). Peu importe, c’est le chemin qui compte, l’arrivée, comme à chaque fois, n’est qu’un (très bon) prétexte.
Le quatrième jour nous aidera à réaliser un peu mieux comment on est arrivé jusqu’ici et nous servira à la fois pour (re)visiter la ville et pour récupérer activement, grâce entres autres, à une belle petite montée jusqu’au Sacré-Coeur.
Nous voilà sur les rails du retour pour expédier de façon ingrate 3 jours de vélo en 3h de train. Retour en Suisse. Retour à la maison. Des souvenirs et de la confiance en plus.
Sur ce, faites des plans sur la comètes et réalisez-en quelqu’uns, ça vaut le coup (de pédale).
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