đŸšŽâ€â™‚ïž François Dernier

Aujourd’hui on vous emmĂšne sur une belle trace terroir, proposĂ©e par les copains de Charbon Cycling. Un savant mĂ©lange de gravier, de forĂȘts, de petits villages, et de petites routes de campagne. Une belle aventure de Blois Ă  Paris, sur les traces de François Premier. En commençant par sa petite maisonette de Chambord.

TER Centre-Val de Loire for ever 💛

C’est Ă  08:00 du matin que la fine Ă©quipe s’est donnĂ©e rendez-vous. Les copains du Charbon se connaissent dĂ©jĂ  bien : Emilien, Louis, ThĂ©o et Jules n’en sont pas Ă  leur premier coup ensemble. Seule piĂšce rapportĂ©e Ă  la team, je me sens comme un ado qui dĂ©barque dans un nouveau collĂšge en cours d’annĂ©e. Heureusement, l’amour du vĂ©lo et des jeux de mots douteux me donne vite l’impression qu’on se connaĂźt tous dĂ©jĂ  depuis des annĂ©es.

Et puis aprĂšs tout peu importe, car nous allons tous ĂȘtre rapidement soudĂ©s par la mĂȘme peur propre aux voyageurs Ă  vĂ©lo : comment va se passer ce trajet en train ? A quelle sauce allons-nous ĂȘtre mangĂ©s par la SNCF aujourd’hui ?

Départ du train, 08:45. Annonce du quai, 08:15.
Les yeux vers le haut, nous regardons les Ă©crans des dĂ©parts de la Gare Austerlitz tels des banquiers de Wall Street anxieux de voir la Bourse chuter. Quai 14. On se bouge aussitĂŽt, dans l’espoir de ne pas avoir Ă  trop galĂ©rer, surtout en voyant d’autres cyclistes dans le mĂȘme mouvement de foule que nous.

Et là, un ange tombé du ciel.
Une contrÎleuse SNCF voit la team, nous demande combien on est. « Cinq ? Ok, suivez-moi, je vais vous mettre dans un compartiment ensemble« . Et le tout avec le sourire, sah quel plaisir.

Bon, ok, le compartiment en question Ă©tant en rĂ©alitĂ© un compartiment avec des siĂšges. Pas un truc tout Ă  fait pensĂ© pour les vĂ©los. Mais on apprĂ©cie l’attention et les sourires. On sent que la RĂ©gion Centre-Val de Loire avait compris l’intĂ©rĂȘt de bien traiter les voyageurs Ă  vĂ©lo. Bravo et merci Ă  eux. Ca change et ça fait du bien. Pourvu que ça dure et que ça s’Ă©tende aux autres lignes đŸ€ž

On est bien installĂ©s, les vĂ©los sont en sĂ©curitĂ©, le trajet peut commencer. L’occasion pour moi d’interroger les gars sur l’aventure, parce que finalement je n’ai rien suivi. Ils m’ont demandĂ© il y a quelques jours si je voulais venir rouler deux-trois jours avec eux. J’ai dis oui. Je me suis pointĂ© Ă  la gare. Et puis voilĂ . Je dĂ©couvre donc le plan suivant :

👉 Jour 01 :
On prend le train jusqu’Ă  Blois (pour remonter jusqu’Ă  Paris – comme ça on se stresse pas avec un retour en train galĂšre en fin d’aventure, on pĂ©dale jusqu’Ă  la maison tranquille.), on roule 70km jusqu’Ă  Nouan-le-Fuzelier.

👉 Jour 02 :
On pĂ©dale 100km de Nouan jusqu’Ă  Montargis.

👉 Jour 03 :
On part de Montargis, et on remonte jusqu’Ă  Paris avec plusieurs sorties de secours sur la route si besoin. La gare de Fontainebleau au kilomĂštre 60, ou la gare de FertĂ©-Alais au kilomĂštre 80.

Le tout avec des logements bookĂ©s pour chaque nuit. En effet, certains membres ici prĂ©sents n’ont encore jamais fait de sorties de plus de 70km dans leur vie de cycliste. Alors on va y aller tranquille. On n’est pas venu pour souffrir, okay ?

D’ailleurs, on y est vraiment allĂ© tranquille : on arrive Ă  la gare Ă  10:30. On casse la croĂ»te en boulangerie Ă  10:45. On roule 20 bornes. On s’arrĂȘte manger Ă  Chambord (eh oui, il est midi đŸ€·â€â™‚ïž).

Bon allez, on se dit que c’Ă©tait la mise en jambes. Une petite galette jambon-fromage, une petite biĂšre, un petit selfie devant le ChĂąteau de Chambord (je vous rappelle qu’on est quand mĂȘme censĂ© suivre les traces de François Premier) et on s’est vraiment mis en route.

Chasse, pĂȘche et traditions.

On aime le terroir, et on a Ă©tĂ© servi. Parfois mĂȘme un peu trop.
C’est vrai qu’aller faire un trip Ă  vĂ©lo en Sologne aka « Terres de Chasse » en haute saison de chasse n’Ă©tait peut-ĂȘtre pas l’idĂ©e la plus maligne. Mais on ne va pas non-plus s’empĂȘcher de voyager Ă  cause d’un foutu lobby dont la puissance dĂ©passe bien trop l’utilitĂ© (mais pas le taux d’alcoolĂ©mie).

Alors on a développé notre propre systÚme de protection : crier.
Crier Ă  l’entrĂ©e de chaque forĂȘt, de chaque champ, au son de chaque coup de fusil plus ou moins lointain, ou Ă  la vue du moindre Kangoo garĂ© de travers dans la boue. Les cris pouvaient varier selon l’humeur, entre « LA CHAAAAASSSEEEE », ou « ON EST LAAAAAAA« , ou encore un simple mais nĂ©anmoins classique « ON N’EST PAS DES BIIIICHEEESSS« .

On ne sait pas si ça a Ă©tĂ© utile, mais ça nous faisait sentir un peu plus en sĂ©curitĂ©. Personne ne s’est prit de plomb dans le cul, et ce malgrĂ© le grand soleil.

Heureusement, la trace Ă©tait ponctuĂ©e de savoureuses portions bucoliques en bord d’eau pour s’Ă©loigner des vilains chasseurs : les bords de Loire au dĂ©but, la Marne au dernier tiers, la Seine pour rentrer dans Paris, ainsi que quelques morceaux de canaux Ă  longer par-ci, par-lĂ  au fil de la trace. Un vrai cours de gĂ©ographie grandeur nature que chacun abordait Ă  son rythme : l’occasion de se tirer la boure Ă  49km/h comme des dĂ©biles pour certains. Ou l’occasion d’enfin se reposer un peu les jambes sur un terrain plat et lisse pour les autres.

En effet, bien que fortement validĂ©e en tous points par l’ensemble de la team, le tracĂ© n’Ă©tait pas toujours de tout repos. PrĂ©parĂ©e en mode VTT sur Komoot, la trace nous a fait passer par des petits chemins de petits filous que mĂȘme la grand-mĂšre du coin ne connaĂźt surement pas. Parfois mĂȘme Ă  travers une forĂȘt dĂ©truite par une tornade (d’aprĂšs la voisine), nous forçant Ă  nous frayer un chemin Ă  travers ronces et troncs Ă©corchĂ©s. #Aventure. Un rĂ©gal pour les yeux, un petit dĂ©fi pour les fessiers… et les genoux. Plus particuliĂšrement celui du soldat Jules, qui nous quitte Ă  l’aube du dernier jour pour cause de mĂ©nisque capricieux. Une belle perf tout de mĂȘme, l’ami n’ayant jamais roulĂ© plus de 70km, il a enchainĂ© 173km de gravel en deux jours, et toujours avec le sourire constant. Bravo Ă  lui 👏

Notre taux d’alcoolĂ©mie aussi a Ă©tĂ© constant. FidĂšles Ă  la tradition de la biĂšre de fin de ride, on a mĂȘme instaurĂ© la biĂšre de milieu de ride. Et la biĂšre de deux-tiers de ride, aussi. Ainsi que le gĂ©nĂ©pi de dĂ©but de ride. Bref, les traditions c’est important (c’est les chasseurs qui nous l’ont appris). En tout cas j’ai enfin compris pourquoi la team Charbon m’avait invitĂ© : mon vĂ©lo trĂšs beer-friendly. Son porte-bagage permet d’aisĂ©ment transporter un pack de 20 Heineken achetĂ©es au Viva. Son dĂ©capsuleur forgĂ© sur le cadre permet de ne jamais ĂȘtre Ă  sec. Et on a dĂ©couvert que les Crocs accrochĂ©es devant offraient un merveilleux rangement pour deux biĂšres Ă  toujours avoir sous les cocottes en cas d’urgence. Encore merci et bravo Cycles Khelys đŸ»

De François Premier à Louis XIV

C’est donc Ă  quatre que nous entamons le troisiĂšme et dernier jour du trip, au dĂ©part de Montargis. AprĂšs une rapide photo souvenir devant l’usine des copains d’Hutchinson, on s’Ă©lance en chanson avec Simply the best de Tina Turner Ă  fond sur l’enceinte. De quoi garantir notre street-cred terroir. Mais rapidement, on a dĂ» enchaĂźner les pauses. Josette, le fidĂšle DĂ©cathlon en acier des annĂ©e 90 de ThĂ©o se montre capricieux. Non pas une, non pas deux, non pas trois, mais bien QUATRE crevaisons que Josette Ă  enchainĂ© en une matinĂ©e. La raison reste Ă  ce jour plus mystĂ©rieuse que le succĂšs de M. Pokora au Top 50. Heureusement, ThĂ©o peut emprunter la premiĂšre sortie de secours du trip, et choper un Transilien Ă  la gare de Fontainebleau. Ciao l’artiste.

Partis Ă  cinq, nous ne sommes plus que trois, et on a l’impression d’ĂȘtre dans une Ă©preuve de Koh-Lanta. Heureusement, la bonne humeur est toujours lĂ , et nos sourires rayonnent autant que le soleil qui nous rĂ©chauffe sur les amusants single-tracks de Fontainebleau qu’on dĂ©vale comme des gosses. On continue de se rĂ©galer du terroir tant qu’on peut, puis on longe la Marne pour bombarder Ă  travers la charmante banlieue Sud. Le soleil se couche, les frontales s’allument, et on arrive Ă  Paris de nuit

On prend conscience que c’est la premiĂšre fois qu’on finit un trip en pĂ©dalant dans Paris. Usuellement on rentre en train. Et bah putain, on a kiffĂ©. On longe la Seine sur les Berges en passant sous les ponts illuminĂ©s. Pont Marie, Pont Neuf, on se rĂ©gale. Tunnel des Tuileries, on se tire la bourre une derniĂšre fois comme des gamins. On bifurque sur Rivoli, et le compteur passe tout juste les 140km Ă  notre ligne d’arrivĂ©e, un lieu cher Ă  notre ami François Premier : le Louvre.

On se partage une derniĂšre biĂšre qui trainait pour fĂȘter ça, et on se sĂ©pare les jambes lourdes et le cƓur lĂ©ger avant de se refroidir. Ne voulant pas mettre fin Ă  se trip tout de suite, je dĂ©cide de continuer Ă  pĂ©daler jusqu’au ChĂąteau de Versailles. Histoire de continuer mon voyage Ă  travers l’Histoire, en bon dernier.

Logo par Emilien Bxl

Trace par Charbon Cycling

Photos par Louis Derrien et Yann Moszynski

Du bmx au fixie, en passant par le vélo de route, le velotaff et bien sûr le gravel et le bikepacking, une seule chose m'anime : photographier et partager mes aventures.

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