Bikepacking en Norvège : les conseils de Sophie Gateau.

De Rookie à Rookie

Comme tu le sais, on aime notre statut de débutant, de Rookie. Pour nous, la force d’être novice c’est que l’on a tout à apprendre, à découvrir, à explorer. Et comme on le répète tout le temps : on est tous le rookie de quelqu’un. Par conséquent, pour préparer notre aventure No(r)way, on aimerait profiter de ton expérience à vélo et en Norvège pour te poser quelques questions de Rookies :

Pour commencer, que t’évoque le mot Rookie ?

Alors pour être honnête, je ne connaissais pas ce mot avant que vous apparaissiez ! Alors merci de m’avoir fait découvrir ce mot (rires) ! Pour moi, un « rookie », ça m’évoque surtout une envie, une motivation. Si t’es un rookie c’est que tu te lances dans quelque chose de nouveau, que t’as envie d’y aller, que t’es prêt à apprendre de tes erreurs, et ça c’est super comme attitude ! 

T’es-tu déjà considérée Rookie ?
Te considères-tu comme une rookie ?

Ah bien sûr ! Je suis toujours Rookie ! Tu apprends toute ta vie ! Ceux qui pensent qu’ils savent déjà tout, ça doit être sacrément chiant pour eux (rires). Même quand j’aurais fait le tour du monde dans tous les sens, et que j’aurais fait toutes les épreuves que je rêve de faire, j’aurais toujours des choses à apprendre !

©Sophie Gateau – Pendant les « Sept Majeurs »

As-tu une anecdote où tu t’es dis : « ah putain là je suis vraiment une rookie » ?

Oh oui ! Sur les épreuves d’ultra-distance tu pars avec plusieurs bidons en général, et moi j’en remplissais un avec du jus de fruits. Et en fait, trois jours après baaaah… ton bidon il est rempli de moisissure qui ne part pas, et c’est vraiment dégeulasse. Donc toujours que de l’eau dans vos bidons !

En bikepacking, quel est LE conseil que tu aurais aimé recevoir plus tôt ?

J’aurais aimé qu’on me dise plus tôt que water-resistant n’est pas égal à waterproof, et qu’il faut que les sacoches soient étanches. Ou qu’il faut mettre ses affaires dans des dry-bags. Parce que quand t’arrives à ton campement le soir et que ton sac de couchage est mouillé… voilà, quoi.
Sinon, TOUJOURS checker la météo pour s’équiper correctement.

En bivouac, quel est LE conseil que tu aurais aimé recevoir plus tôt ?

Jamais sans ma doudoune ! Toujours avoir un truc chaud avec soi, toujours une petite doudoune. Ne serait-ce que pour les moments où tu n’es pas sur le vélo. Sinon t’as froid, même au mois d’août ! Car la fatigue peut rendre beaucoup plus sensible aux variations de températures. Donc avoir une petite doudoune avec soi, même pour la nuit dans son sac de couchage parfois, ça peut vraiment permettre d’éviter de passer des moments désagréables.

©Sophie Gateau

Conseils de Rookies pour No(r)way

Quelle a été ta plus belle surprise en Norvège ?

Les paysages ! Sans hésiter !

Et ta plus mauvaise surprise ?

La météo ! Sans hésiter ! Mais c’était aussi un peu de ma faute, puisque je ne m’étais pas vraiment bien préparée pour la dite météo. #Rookie Donc faites gaffe à l’humidité : je n’avais vraiment pas prévu qu’il fasse aussi froid et humide, alors que pourtant c’était au mois d’août. Méfiez-vous des moustiques aussi : il y en a par-tout ! Et ils te sautent dessus ! Du coup j’avais ma moustiquaire, ET boules quiès, pour ne pas les entendre.

Quels conseils nous donnerais-tu pour gérer l’effort pendant No(r)way ?

Il faut faire gaffe parce qu’au départ tu as les jambes, t’as envie d’y aller, etc. Mais le risque en fait c’est de se carboniser. Il faut vraiment penser dans la durée, puisque tu vas le faire en plusieurs jours. Ce n’est pas comme une sortie d’une journée où tu t’en fous de rentrer explosé chez toi le soir. Là il faut pouvoir repartir le lendemain, et le sur-lendemain, etc. Donc il faut vraiment savoir gérer son effort.

Quels conseils nous donnerais-tu pour gérer le dénivelé pendant No(r)way ?

Je ne suis vraiment pas forte en grimpette non-plus, mais cet été avec des copines on est parties faire les Sept Majeurs, qui sont les sept des plus hauts cols des Alpes en deux-trois jours, et putain, j’en ai chié les gars ! Et on est parties chargées parce qu’on faisait du bivouac. Donc mon conseil, c’est allégez AU. MA. XI. MUM. C’est logique, mais plus t’es chargé, plus tu vas en chier.

Mais sinon pour en revenir au dénivelé, il faut vraiment garder en tête que si vraiment ça va pas, tu montes à pied ! Parfois ça vaut vraiment le coup de s’arrêter ! Justement quand je faisais les Sept Majeurs, je me disais beaucoup que si je m’arrêtais, je n’arriverais jamais à repartir. Et en fait, si ! Ca m’a même sauvé la mise ! Tu t’arrêtes, tu prends cinq minutes, tu t’autorises une petite pause, et ça repart vachement mieux. Mon idée était de faire une pause tous les cinq kilomètres. Mais cinq kilomètres, quand tu fais du 5km/h, bah… ça fait quand même une heure. Ca te permet d’avoir une sorte d’objectif, mais aussi ça te donne un rythme pour les pauses. Et finalement ça m’a beaucoup aidé de fractionner mon effort ainsi.

©Sophie Gateau – Pendant la North Cape 4000

Quels conseils nous donnerais-tu pour récupérer pendant No(r)way ?

La micro-sieste ! 10 min de sieste, ça marche vraiment ! Au début j’avais essayé de m’entraîner chez moi, mais c’était un échec forcément, c’est pas comme ça que ça se passe (rires). Mais parfois t’es tellement fatigué, que juste tu te poses au bord d’une route, tu te mets dans des conditions un peu cosy, donc tu sors ta doudoune et tu t’endors tout de suite. Et ça te fait un bien fou !

Et sinon, ne pas forcer ! Tu le sais si ça commence à ne vraiment pas aller, donc il faut savoir s’écouter. Et parfois tu te prends deux heures de pause, et c’est pas grave ! Mais il ne faut pas se mettre en danger juste pour continuer d’avancer. Ça va juste te gâcher ton voyage. Il vaut mieux s’arrêter et repartir serein, que de continuer en n’ayant pas envie !

Il vaut mieux s’arrêter et repartir serein,
que de continuer en n’ayant pas envie !

Quels conseils nous donnerais-tu pour gérer la nutrition pendant No(r)way ?

Plus tu roules, surtout sur plusieurs jours, plus tu auras la dalle tout le temps. Encore plus s’il fait froid. Et il faut vraiment pas se retrouver en fringale, donc il faut toujours avoir des réserves. Donc mangez et buvez souvent. Et n’attendez pas d’avoir faim ou soif pour le faire. Malheureusement, à terme, tu vas vraiment bouffer n’importe quoi. Déjà, parce que même si tu veux manger des trucs sains, tu trouves pas toujours ce que tu veux : à la fin de la North Cape, mes points de ravitaillement n’étaient que des stations-services, donc forcément faut pas faire le difficile.

En Norvège du Nord, il faut anticiper. Quand tu sais que ta prochaine possibilité de ravitaillement est dans 100km, tu fais des réserves. Donc je me trimballais toujours avec une journée de bouffe sur mon vélo. Il ne ressemblait plus à rien mon pauvre vélo, avec une sorte de sac informe sur le dessus rempli de trucs à manger. Le petit tips c’est la pizza ! T’en achètes une que tu manges sur place, et t’en achètes une deuxième que tu plies et que tu mets dans une sacoche. Parce que la question c’est aussi de savoir anticiper les repas à venir. Donc veillez à prendre des petits sacs en plastique pour y ranger de la bouffe, et des sacs avec un zip ! A cause des fourmis ! Parce que t’es vraiment dégoûté quand tu te lèves de ton bivouac et que tu retrouves des fourmis qui se font un festin sur tes réserves.

Notre voyage est donc des 500km, sur sept jours, avec 8000m de D+ et probablement des variations de températures : si tu étais à notre place, qu’emporterais-tu dans tes sacoches ?

Moi j’aime bien être à l’aise dans mes vêtements quand même, donc en général je prends un ou deux jerseys en mérinos, deux paires de chaussettes, et une doudoune. Mais surtout, deux cuissards, si possible de marques différentes ! Parce que d’une marque à l’autre, les pads pour tes fesses sont différents. Ce qui va permettre de soulager certains points de contacts avec ta selle selon si tu portes tel ou tel cuissard. Alors que si tu portes toujours le même cuissard, c’est toujours les mêmes points d’appui qui vont souffrir, et ça peut devenir VRAIMENT douloureux sur un voyage.

Et enfin, prenez une bonne crème pour les fesses, et mettez en AVANT d’avoir mal. Et le conseil de rookies : la meilleure crème, ce n’est pas celle qu’on trouve dans les shops de vélo, mais c’est celle que tu trouves en pharmacie et qui est beaucoup plus efficace ! Celle que j’utilise c’est Coloplast. Alors c’est vraiment une crème spécifique, c’est pour prévenir les escarres, donc ne t’étonnes pas si on te regarde bizarrement à la pharmacie, mais c’est vraiment efficace ! Et pour APRÈS l’effort, tu as des crèmes au zinc que tu peux trouver en pharmacie aussi, qui vont te réparer ta peau pendant la nuit.

Pour le jersey, j’insiste sur le mérinos ! Sinon vous allez devoir rouler à dix mètres l’un de l’autre à la fin du trip ! Le mérinos c’est de la laine qui permet vraiment de porter le même jersey pendant une semaine sans sentir la mort. Et l’avantage c’est que même trempé, ça reste relativement chaud. Donc tu peux soit acheter une sous-couche en mérinos, soit maintenant il existe même des jerseys en mérinos.

Et sinon, de façon plus générale, ce que j’essaie de faire au maximum, c’est d’emporter des trucs qui peuvent avoir deux utilisations : donc par exemple prendre un leggings pour le froid sur le vélo dans lequel on se sent aussi à l’aise pour dormir. Une autre astuce chouette, ce sont les tours de cou. Tu peux les mettre un peu comme tu veux pour rester au chaud : autour du cou, sur les oreilles, en bonnet, etc. Mais aussi pour te couvrir les yeux en bivouac si jamais il y a trop de lumière ! Parce que mine de rien toutes ces petites affaires accumulées ça fait du poids en plus dans tes sacoches, et tu vas les sentir sur tes 8000m de D+ ! 

©Sophie Gateau – Pendant la North Cape 4000

Quels conseils nous donnerais-tu pour gérer le froid pendant No(r)way ?

Ca peut marcher contre le froid ou la pluie, mais c’est de mettre des sacs plastiques dans ses chaussures. Et c’est amusant, parce que les sacs qui ont vraiment la meilleure taille pour cette utilisation, ce sont les sacs pour ramasser les crottes de chien ! Et en plus, t’en trouves facilement et gratuitement (rires). Autre conseil contre le froid, si jamais ça devient vraiment tendu, c’est de mettre ta couverture de survie SOUS ta veste en roulant. Et franchement, c’est hyper efficace. Ca coupe du vent, et ça te réchauffe en réfléchissant ta chaleur corporelle, surtout si tes fringues sont mouillées. C’est hyper efficace. Et sinon, pensez à prendre des gants longs, ou des sous-gants. Mais même s’il ne fait pas très froid, en montage, en descente, la température ressentie sur tes mains peut vite baisser !

Du coup on en déduit un conseil qui est : « partez avec une couverture de survie » ?

Ah oui, obligé ! Déjà en cas d’urgence ou d’accident, mais aussi pour le bivouac : si par exemple le sol est humide, ça peut t’isoler un peu du sol et te faire gagner quelques degrés. La récupération est quand même essentielle sur des voyages à vélo : plus tu dors bien, plus tu roules bien !

Pour résumer, quels seraient les conseils à retenir pour No(r)way ?

Méfiez-vous de la météo, anticipez les points de ravitaillement, et prenez une doudoune !

Quels sont tes projets ou aventures à venir ?

J’ai eu beaucoup de projets qui ont été annulés, forcément. Donc ça se reporte un peu sur cette année, avec tous les aléas du Covid. La première aventure à venir est avec Swanee de Pariah qui organise un 350km en 24h et en single-speed, ça promet ! C’est en équipes mixtes, et je pense qu’on va vraiment bien se marrer ! Sinon j’ai la Tuscany Trail de prévue avec des potes, une épreuve gravel en Toscane. Je me suis aussi engagée sur une épreuve qui a l’air trop cool c’est BadLands, du gravel dans le désert au sud de l’Espagne.

Et enfin, j’ai un « petit » truc de prévu en Août : c’est la Transcontinental Race ! Donc si jamais vous n’avez rien à faire en Août, vous pourrez suivre mon tracker en ligne (rires). Le problème est que c’est vraiment dur de s’entraîner avec le confinement, donc on verra ce que ça donne.

Oh wow ! On imagine que ta motivation pour la Transcontinentale c’est de passer au niveau supérieur après la North Cape ?

Exactement ! Parce que pour le coup, sur la Transcontinental, c’est chronométré ! Et en plus, contrairement à la North Cape, le tracé n’est pas imposé. C’est à toi d’établir ton tracé que tu penses le plus rapide et le plus adapté ! Donc rien que ça, c’est déjà une aventure en soit. J’ai commencé à faire des recherches, j’en suis déjà à sept alternatives possibles pour le tracé. Donc c’est hyper intéressant, et je verrais sur place si j’ai bien fait mon boulot ou pas (rires) !

En tout cas je n’aurais jamais cru m’inscrire à ce genre d’épreuves, mais après la North Cape, j’ai vraiment envie de tester ! Mais le but n’est vraiment pas de gagner ou quoique ce soit, mais juste de finir, je serais déjà très contente ! J’y vais évidemment avec l’appareil photo, etc. donc le but est de kiffer, pas de péter des scores !

Et alors comment tu te sens là, avant une Transcontinentale ?

Euuuuh… baahhh… je…. voilà ! (rires)

Sur cette conclusion claire, nette, et précise, on te laisse carte blanche pour la fin !

A ceux qui nous lisent : faites du vélo ! Soyez fiers d’être rookies ! Et surtout, faites vous plaisir ! On fait du vélo pour se faire plaisir, pas pour impressionner les autres.


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👉 Un grand merci à Sophie pour son temps, ses précieux conseils et ses chaleureux sourires. On termine cet article bien complet par quelques une de ses photos en Norvège histoire de nous mettre dans le bain, ainsi que ces tracés de la North Cape 4000 🤤

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Du bmx au fixie, en passant par le vélo de route, le velotaff et bien sûr le gravel et le bikepacking, une seule chose m'anime : photographier et partager mes aventures.

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