đŸŽ„ L’Islande de Joffrey Maluski

Il y a quelque temps, le copain Joffrey Maluski roulait 3000km sur les terres islandaises pendant 3 mois pour en sortir des photos et un film Ă  couper le souffle. Une histoire qu’on avait eue plaisir Ă  vous raconter sur le site. 2 ans aprĂšs, il semblerait que cet incroyable pays lui fasse encore du pied et c’est tout naturellement que le revoilĂ  sur un vĂ©lo Ă  affronter la vie sauvage, les conditions extrĂȘmes et l’isolement.

Islande, une traversĂ©e hivernale. Le titre pose les bases. Comme si rouler en Ă©tĂ© tranquilou ne suffisait pas, Joffrey s’est auto-mis des bĂątons dans les roues en allant se frotter Ă  des tempĂ©ratures bien plus hardcore qu’un hiver Ă  Berck. 1000km, 28 jours pour traverser l’Islande au coeur des Hautes Terres, d’Est en Ouest, c’est le programme de l’aventure que Joffrey a encore une fois immortaliser dans un film et une sĂ©rie de photos inĂ©dites. Pour nous, Rookies, il Ă©tait super important de pouvoir vous partager le projet, mais Ă©galement de discuter rapidement avec Joffrey pour lui poser les quelques questions qui nous passaient par la tĂȘte.

Quels ont Ă©tĂ© les dĂ©fis les plus inattendus que tu as rencontrĂ©s lors de cette nouvelle traversĂ©e ? Et c’est quoi l’ingrĂ©dient secret pour surmonter ce genre de moment ?

Il y a eu quatre principaux dĂ©fis : les riviĂšres Ă  traverser, la neige fraĂźche et dĂ©nivelĂ© dans les montagnes au nord du glacier Vatnajökull, le froid intense (-21°C au thermomĂštre) au cƓur de l’Islande, puis une tempĂȘte de vent au nord du glacier Langjökull. Mais ce sont des difficultĂ©s auxquelles je m’attendais et pour lesquelles je m’étais prĂ©parĂ© afin de les aborder avec le plus de sĂ©rĂ©nitĂ© possible.
Pour les dĂ©fis inattendus, il y a des hauts et des bas chaque jour. Quand un moment difficile survient, il faut patienter, essayer de trouver de la joie dans les petites choses, prendre le temps de regarder le paysage autour de soit, se rappeler pourquoi on est lĂ , qu’on sait gĂ©rer ces moments et traverser cette phase, qui reste temporaire. Et mĂȘme lorsque tout va bien, je pense qu’il est important de garder Ă  l’esprit que cela peut ne pas durer, d’éviter l’euphorie et de se prĂ©parer aux dĂ©fis Ă  venir en gardant une bonne capacitĂ© d’adaptation.

Tu en parles rapidement au dĂ©but du film, mais comment as-tu planifiĂ© et combien de temps a t’il fallu pour organiser ton itinĂ©raire et ton Ă©quipement pour une telle expĂ©dition en solitaire ?

J’avais cette idĂ©e en tĂȘte depuis longtemps, mais j’ai commencĂ© Ă  planifier le projet en dĂ©tail au mois de juillet, pour un dĂ©part prĂ©vu fin fĂ©vrier. Pendant ces mois de prĂ©paration, j’ai peaufinĂ© chaque aspect de mon itinĂ©raire, avec l’avantage d’avoir dĂ©jĂ  traversĂ© les Hautes Terres d’est en ouest durant l’étĂ© 2021. J’ai Ă©tudiĂ© les cartes sur Komoot et Google Maps Satellite pour repĂ©rer les riviĂšres, les cabanes, les ponts, et anticiper des itinĂ©raires de secours au cas oĂč il serait nĂ©cessaire de contourner une riviĂšre trop dangereuse ou de quitter les Hautes Terres plus rapidement.

Je me suis Ă©quipĂ© du meilleur matĂ©riel possible pour affronter les tempĂȘtes de neige, le froid intense, les vents violents, et ĂȘtre autonome durant ces 28 jours et 1000 km. La plupart de l’équipement avait Ă©tĂ© testĂ© avant l’expĂ©dition pour avoir une totale confiance en lui. J’ai optĂ© pour un fat bike Ă©quipĂ© de pneus cloutĂ©s de 4,5 pouces et une pulka, un traĂźneau lĂ©ger qui ressemble Ă  une luge, ce qui m’a permis de dĂ©charger le vĂ©lo pour rouler la neige. Mon Ă©quipement comprenait aussi une tente d’expĂ©dition polaire, un sac de couchage -30 °C, un rĂ©chaud Ă  essence, une salopette de pĂȘche pour traverser les riviĂšres au sec, un piolet pour m’en sortir, et de quoi rĂ©parer tout mon matĂ©riel. Certains Ă©quipements Ă©taient doublĂ©s, comme mes gants, mon tĂ©lĂ©phone satellite et ma lampe frontale. Ce qui a Ă©tĂ© le plus compliquĂ©, c’était de faire un choix dans le matĂ©riel pour avoir tout ce dont j’avais besoin, tout en maintenant un poids acceptable. Mon vĂ©lo pesait 78 kg au dĂ©part, dont 23 kg de nourriture.


Quels conseils donnerais-tu Ă  quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans une aventure similaire, mais avec moins d’expĂ©rience ?

Pour une expĂ©dition engagĂ©e comme celle-ci, je pense qu’il est important de lister les principaux dĂ©fis et dangers (ici, c’était la faisabilitĂ© par rapport au vĂ©lo sur la neige, le froid, les riviĂšres Ă  traverser et les tempĂȘtes, qui peuvent ĂȘtre trĂšs violentes en Islande). Ensuite, vous pouvez mettre en face de chaque point votre expĂ©rience et vos connaissances, afin de dĂ©terminer si vous ĂȘtes capables de surmonter ces challenges avec un risque acceptable. Si tous les voyants sont au vert, on est prĂȘt, sinon on peut s’entraĂźner Ă  travers d’autres aventures.
Je pense aussi qu’une bonne prĂ©paration aide Ă  aborder une aventure exigeante avec plus confiance. Comme faire des recherches approfondies, planifier son itinĂ©raire, avoir une idĂ©e claire du parcours et des ressources disponibles en cours de route. Investir dans un Ă©quipement fiable, capable de rĂ©sister Ă  toutes les conditions. Apprendre Ă  effectuer des rĂ©parations de base sur son vĂ©lo, ainsi que pour sa tente, rĂ©chaud et autres Ă©quipements. Travaillez son endurance et condition physique, s’entraĂźner sur diffĂ©rents terrains et dans diffĂ©rentes conditions mĂ©tĂ©o. Mais le plus important est de savoir pourquoi on le fait, laisser une place aux surprises du voyage et de prendre du plaisir. Je me souviens de quelqu’un qui avait dit « Un cycliste qui sourit, c’est un cycliste qui va vite ». C’est vrai aussi dans les moments difficiles, un petit sourire aide toujours Ă  les traverser plus facilement.

Quels ont été les moments les plus marquants de ton aventure ?

Je dirais que l’un des moments les plus marquants a Ă©tĂ© lorsque je suis sorti des montagnes au nord des glaciers Vatnajökull et Tungnafellsjökull. J’étais seul sur mon vĂ©lo, au milieu de l’Islande, sous un ciel d’un bleu parfait, avec un grand soleil et un froid glacial. Les paysages environnants Ă©taient Ă©poustouflants, et je roulais Ă  une bonne allure en direction de ma prochaine Ă©tape, Laugafell, oĂč une source d’eau chaude m’attendait.
Pour en choisir un deuxiĂšme, je dirais le moment oĂč j’étais dans la source d’eau chaude de Hveravellir, avec une vue imprenable sur le glacier Hofsjökull, que j’avais traversĂ© par le nord lors des trois jours prĂ©cĂ©dents. Je pouvais me dire wouaahh je suis passĂ© par lĂ  ces derniers jours depuis ma source d’eau chaude !

Une erreur de Rookies que tu as encore fait durant ton trip ?

Une petite anecdote extraite de mon prochain livre. Le jour oĂč j’étais en route pour une cabane au nord du glacier Vatnajökull. Il Ă©tait dĂ©jĂ  tard et, entre la nuit qui tombait et la neige qui tourbillonnait sous un vent soutenu, la visibilitĂ© Ă©tait fortement rĂ©duite : « Il y a quelque chose lĂ -bas qui ressemble Ă  une cabane, peut-ĂȘtre Ă  700 mĂštres, mais selon mon GPS, je suis encore Ă  3 km. Qu’est-ce que c’est ? Un abri ? ÉprouvĂ© par les conditions difficiles, je dĂ©cide d’aller vĂ©rifier cette chose en forme de cabane. Soudain, je me retrouve en descente, mon vĂ©lo prend de la vitesse, la pulka galope devant moi, et je me retrouve Ă  plat sur le dos dans la neige molle. La cabane n’est qu’un gros rocher. J’aurais dĂ» faire confiance Ă  mon GPS. »

VĂ©ritable "Outdoor Enthusiast" comme ils disent si bien. đŸ“·Photographe et passionnĂ© de micro-aventure, je dĂ©couvre avec bonheur sur le tard le bikepacking et le monde du Gravel. đŸšŽđŸ»â€â™‚ïž

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