Les Rois de la Feinte
Ne faites pas les malins car vous pourriez très facilement vous reconnaître dans cet article. Durant notre dernier biketrip, le dénivelé a fait naître chez moi un don pour la ruse, celle de trouver le moyen de faire une pause sans qu’elle n’ait l’air d’en être une. Oh, je vous vois derrière vos écrans avec votre rire moqueur mais j’ai fait plus d’une sortie avec des pipoteurs professionnels qui n’osent pas dire qu’ils ont besoin de s’arrêter pour reprendre leur souffle. Après plusieurs centaines de kilomètres, j’ai lâché l’affaire et compris que je n’avais pas à me cacher, au contraire.
Mais si toutefois vous avez impérativement besoin d’une excuse pour faire une petite pause en pleine urgence dénivelé, voici un hommage à nos Rois de la Feinte préférés. 💛
Le Photographe
Comme par hasard il y a toujours un super spot ou LA photo à faire dans une montée. Robert Doisneau du dénivelé pourrait même monter une exposition au MoMa s’il le pouvait pour secrètement reprendre son souffle. Et le plus drôle c’est qu’à la fin, quand il vous partage le dossier des photos du trip il n’y en a pas une seule de ce moment précis.
Le Fooding
L’alimentation en vélo c’est essentiel. Ça, on peut dire qu’il l’a très bien compris et qu’il sait très bien s’en servir pour poser le pied à terre. Cela commence toujours par l’envie d’une pâte-de-fruits puis par le besoin de boire un coup avant de devenir encore plus absurde comme : « Oh regarde, des baies sauvages ! », « Oh des orties, j’adore… ».
Lorànt Deutsch
Si vous ne connaissiez pas bien la région, il fera genre qu’il l’a connaît par coeur. À croire qu’il a lu tous les guides du coin pour anticiper ses défaillances. Un arrêt pour une vue imprenable sur l’endroit où il y avait un viaduc à l’époque (maintenant rien), un stop pour découvrir une balise kilométrique datant des années 60 ou encore une petite pause pour vous raconter comment la région à vécu durant l’Occupation allemande…
Le Standardiste
C’est sans scrupule que le Standardiste jouera la carte famille pour faire des pauses. Désireux de prendre des nouvelles, d’en donner, de s’assurer que son chien imaginaire à bien été sorti ce matin, que tata Lucienne n’a pas de séquelles de son passage chez le coiffeur… Ce grand malin sera capable de se mettre en hors forfait pour pouvoir reprendre son souffle sans l’admettre.
Le Doctolib’
Contrairement à la plateforme, ce spécimen vous tombera dessus sans rendez-vous. Pour une pause il est prêt à se découvrir un œdème imaginaire. Mal de pied, caillou dans la chaussure, une selle qui dérange, les mains qui brûlent, la chaleur étouffante, le casque qui fait mal à la tête… Pensez bien qu’après l’arrêt diagnostic il y aura l’arrêt Pharmacie.
Le Mécano
On a rarement vue une oreille aussi aiguisée que celle du Mécano. Un bruit de roulement, le son de la fuite d’air, un caoutchouc qui crie à l’aide, un bruit de liquide, la chaîne qui pleure, les freins qui toussent… Le Mécano vous fera même croire qu’il faut faire une vidange s’il a besoin de s’arrêter pour reprendre son souffle. Sauf qu’à la différence d’un garage c’est rarement reparti pour 40 000 bornes.
Le Navigateur
Que tous les skippers se tiennent à carreaux. Le Navigateur à le sens de l’orientation dans le sang ou presque… Pour feinter une pause, il n’hésitera pas à questionner et remettre en question toutes les technologies. « Je pense que c’était à gauche après la branche cassée et la mousse décolorée… Je vais vérifier ».