Portrait : Céline Champonnet, fondatrice de Wilma.

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Depuis plusieurs mois, une petite marque française de vêtements de cyclisme féminin (qui coche donc pas mal de cases sur le bingo de nos centres d’intérêts) fait parler d’elle sur la toile. Moderne, responsable, communautaire, Wilma dépoussière l’univers du vélo au féminin. Alors on a eu envie d’en savoir plus et de discuter avec Céline, la fondatrice du projet.


Hello Céline, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

J’ai 34 ans, je vis à Paris et j’ai 2 enfants, un garçon et une fille. J’adore rouler, surtout pour le plaisir. On peut dire que je me considère comme une rookie comparé aux cyclistes que je côtoie. Je fais principalement du vélo de route, un peu de home trainer, et je me déplace toujours à vélo dans Paris. Les aménagements sont au top, c’est un vrai kiff. 

Je bossais pour une marque de mode masculine, autour de l’expérience client et du développement de collection; et depuis 2020 je suis à temps plein sur le projet Wilma.

Est-ce que tu peux nous présenter Wilma en quelques mots ?

Wilma c’est un moyen – qui passe par une marque textile – de défendre les femmes et de promouvoir le cyclisme au féminin. On leur apporte suffisamment de visibilité pour changer les états d’esprit. Pour affirmer que non, le vélo n‘est pas juste un sport masculin. Et je prends le cyclisme parce que je connais ce milieu depuis 10 ans, mais ça devrait l’être dans tous les sports ! On devrait arrêter de genrer la pratique du sport, dans un sens comme dans l’autre. 

Je voulais aussi que Wilma permette d’avoir des tenues plus détentes, pour les porter hors vélo. Pour ça, on a une collection lifestyle avec des t-shirts et sweat. L’idée c’était de prôner les valeurs de la marque aussi dans le quotidien. Aujourd’hui il n’y a pas de marques de vêtements de cyclisme féminiin qui aie une dimension éco-responsable, avec un design très sobre, joli, dans l’ère du temps, ou un design plus fort et marqué, et tout ça à un prix accessible. C’est pour ça que j’ai voulu lancer Wilma.

Comment t’es venue l’idée de lancer Wilma ?

J’ai eu l’idée il y a 2 ans, bientôt 3. Ça fait 10 ans que je suis avec mon conjoint, qui est cycliste et très engagé dans la communauté cycliste et l’ultradistance. J’évolue donc dans ce milieu depuis 10 ans, au quotidien, mais je m’y suis mise tard notamment parce que les tenues ne me faisaient pas du tout rêver ! Je le voyais autour de moi, les mecs étaient super affutés dans leurs panoplies, et nous, on se retrouvait avec des vêtements peu adaptés, avec le cuissard qui nous comprime la cuisse ou nous boudine. En plus de ça, le cyclisme nous expose : quand tu roules tu es dehors, à la vue de tous, contrairement à du sport en salle par exemple, où tu peux être qu’entre meufs, avec personne pour te juger. 

Dans une des courses qu’on a créé avec mon conjoint, on a vu de plus en plus de femmes qui venaient chaque année. Et en parallèle, on ne voyait aucune progression sur le textile. J’ai alors beaucoup échangé avec les femmes, pour savoir comment elles s’équipaient, quelles tenues elles choisissaient. Et c’étaient toujours le même genre de réponses qui revenait : “Soit je pique les fringues de mon mec, soit je m’habille côté homme en petite taille”. Moi, je voulais que de plus en plus de femmes fassent du vélo, et arrêter avec le “ça n’est que pour les hommes”. Comme je viens de la mode, créer une marque textile était le moyen le plus évident pour moi d’impacter le cyclisme féminin. Comme une première étape, avant de lancer plein d’autres projets qui n’ont pas forcément de lien avec le textile.

On a vu de plus en plus de femmes qui venaient rouler chaque année. Et en parallèle, on ne voyait aucune progression sur le textile.

Quelles sont les valeurs que tu veux défendre ?

D’abord, l’égalité avec les hommes. J’ai décidé de lancer une marque 100% femme, parce que je n’avais rien à apporter en créant une marque mixte, il y a déjà beaucoup de choses qui existent pour les hommes. Pour autant, on ne veut pas être excluant avec les hommes. L’idée c’est d’avoir des hommes qui nous aident à nous développer, à faire en sorte que ça devienne naturel. On a besoin d’eux aussi pour développer le cyclisme au féminin. 

Ensuite, c’est l’éco-responsabilité. Sur toute la collection de textile route, la fabrication est européenne. On a vraiment galeré pour trouver les bons fabricants, parce qu’il y a moins d’usines en Europe. On s’est finalement tournés vers l’Espagne et l’Italie. Pour les chaussettes, la fabrication est française.

Je suis maman, et ça a certainement influé sur la dernière valeur, celle de la transmission. Pour moi, ça commence dès le plus jeune âge, c’est là où on peut apprendre aux petites filles qu’elles peuvent faire du vélo, et aux petits garçons qu’elles ont le droit de le faire. Quand j’ai commencé à faire du vélo ça m’a donné une confiance de dingue : je peux aller rouler seule, pendant des heures, sans avoir besoin de quelqu’un… C’est incroyable ! Je crois qu’en tant que femme, on ose moins, on manque parfois de confiance. Mais si dès petite on t’explique que tu peux faire du vélo, alors ça rend les choses possibles.

Donc on a des projets autour des enfants, mais aussi pour les cyclistes maman : comment tu construis ton sport au quotidien, parce que c’est un sport qui demande beaucoup de temps. Comment tu peux inclure les enfants dans la pratique ?

Wilma couvre un large panel de tailles, pour permettre une plus grande diversité de corps dans le cyclisme féminin. Tu peux nous en dire plus ?

Oui ! On couvre les tailles du XS au 3XL. L’idée est de pouvoir faire du XXS et de plus grandes tailles si besoin. En tant que femme, on a une diversité de corps plus importante que chez les hommes, alors j’aimerais pouvoir avoir plusieurs coupes, pour les plus grosses poitrines par exemple, des coupes plus conforts, d’autres fitées. On va développer petit à petit parce qu’il y a beaucoup de recherche et développement.

Tu as lancé une campagne de crowdfounding qui se clôture dans quelques jours. Quel est l’objectif ?

On a développé des prototypes, et tu peux pré-commander à un prix plus intéressant. Notre objectif est de faire 150 préventes, et on doit atteindre cet objectif pour toucher les fonds déjà récoltés. L’avantage, c’est que ça nous permettrait de financer la première collection, et ça nous aide à mieux connaitre les clientes. On en apprend beaucoup sur les tailles, les choix de couleurs qui ressortent le plus…

Chez les Rookies, on aime parler aussi des difficultés qu’on a tous quand on débute quelque chose, pour aider les autres à les surmonter. Quelles étaient les plus grosses galères que tu as affronté ?

Déjà, le Covid. On devait lancer la marque en mars donc… bon. Je me suis retrouvée à devoir communiquer sans produit pendant 10 mois, et de base c’est pas du tout mon métier. C’était un vrai challenge pour moi. Et en même temps, beaucoup de femmes cyclistes sont dans la même tranche d’âge que moi, donc j’ai essayé de créer à partir de ce que moi j’aimais. (et notamment beaucoup de ref’ aux 90’s). Friends ??

Ensuite, c’était pour trouver des fabricants européens : dans les produits techniques c’est l’Asie qui est spécialisée. Et pour moi, c’était inconcevable de bosser avec l’Asie : déjà du point de vue environnemental mais aussi financier : les commandes minimum de quantité sont énormes ! J’ai commencé à sonder en Europe, et j’ai récolté des prototypes horribles. C’était improbable et terriblement décourageant. Certains fournisseurs ajoutaient des motifs, changeaient les coupes, ça n’avait pas de sens.

Quels conseils aurais-tu aimé avoir quand tu as débuté cette aventure entrepreneuriale?

J’ai la chance d’être très bien entourée. Je connais beaucoup de personnes qui ont lancé des projets, et je suis incubée dans le programme Les Sprinteuses qui aident les entrepreneuses du sport à se lancer (Willa x Le tremplin).

Mais je dirais que c’est important de ne pas avoir peur de parler de ses idées, et je me fixe même un objectif de nouvelles personnes à rencontrer. Je rencontre en moyenne 1 nouvelle personne par semaine qui peut m’aider sur mon projet, et c’est hyper précieux.

Quand as-tu débuté le vélo ?

Je vis depuis plus de 10 ans avec quelqu’un qui pratique le cyclisme de manière intensive, je me suis donc naturellement tournée vers lui quand j’ai voulu commencer. Mais j’aurais aimé avoir une marque de vêtements de cyclisme qui m’aide à me sentir bien, confort et légitime sur le vélo. J’ai longtemps pris ses vêtements à lui, et on ne fait pas vraiment la même taille !

Une carte blanche pour le mot de la fin, quel message as-tu envie de passer?

Je veux en profiter pour dire que Wilma, va bien au-delà d’une simple marque de vêtements, et que nous allons agir pour la place des femmes dans le cyclisme. Pour les femmes d’aujourd’hui mais aussi pour celles de demain. Nous avons prévu beaucoup de belles choses pour 2021 pour promouvoir et défendre le cyclisme féminin.


Les Rookies sont très fiers de pouvoir soutenir et mettre en avant les projets comme Wilma, car ils contribuent à rendre le monde du vélo toujours plus grand, toujours plus inclusif, toujours plus beau 💛

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Accro au grand air et aux gens, rédactrice et "storyteller", je remplis mon temps libre d'aventures à vélo. Pour les partager, faire des ponts et mettre toujours plus de femmes (et d'hommes) au vélo.

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