Le Flashpacking de Louise

Les Rookies - Gravel Bikepacking

En lançant Les Rookies, on avait aucune idée de l’étendue des opportunités que ce projet nous apporterait. Mais au-delà des portes qui s’ouvrent à nous, ce qui compte vraiment à nos yeux, c’est les nouvelles rencontres. Louise nous a initialement contacté sans trop savoir quelle casquette porter : celle de Dialogue Manager chez Triban, ou celle de passionnée engagée pour le développement du vélo ? A vrai dire, peu nous importait, l’essentiel étant les échanges et les discussions qui en naîtraient. Et nous sommes aujourd’hui absolument enchantés de vous offrir le tout premier article écrit par notre toute première contributrice « externe » : une bien chouette épopée éclair, de Lille à la mer, à la recherche d’un bon vieux bol d’air frais entre collègues.

Coast Quest

Par les temps qui courent, il faut savoir s’adapter. Alors quand Nathan et César apprennent qu’ils ne peuvent partir dans le Sud, je lance l’idée d’un flashpacking. Mais c’est quoi, un flashpacking ? C’est du bikepacking en version flash. 24h, toi, ton vélo, ton duvet, et une « micro-aventure » garantie.

On décide de partir le lendemain, après le boulot, en direction de la Côte. Parait qu’il y a des phoques par là. En tout cas, il y a la mer et un bon vent d’évasion. 

Je trace tout droit sur Komoot en direction de Wissant et du Cap Gris Nez, pour reprendre un bout de la trace du North Trail de Rémi Lequint, et une proposition d’itinéraire qu’il m’a fait pour le shooting photo de la semaine qui suit. C’est la bonne occasion pour Nathan de roder son vélo pour la Gravel Tro Breizh, et pour les autres de tester de nouveaux prototypes qui sortiront bientôt. 

Mais surtout, c’est la bonne occasion de s’évader de la ville, de profiter du dernier week-end de l’été, et d’un temps radieux sur la Côte.

Go-Fast pour la frite

La sortie de Lille par le sud ouest n’est pas la plus sympa. C’est la périphérie, des voitures et de la nationale. Mais c’est vite compensé par un beau soleil qui se couche sur de petites routes, et le sentiment de liberté qui s’installe déjà. On poursuit par une route qui longe un fleuve, le ciel s’assombrit et l’ambiance devient ultra-spéciale. « WAH LÀ LES GARS, ON A QUELQUE CHOSE ! » Nathan est surexcité ! On voit se dresser au loin une vieille usine tentaculaire, avec les cheminées qui recrachent des fumées douteuses, et un air de Charlie et la Chocolaterie. Elle date des années 30, et nous plonge dans un film. Un film flamand, sombre et aussi beau qu’inquiétant.

Mais soudain, la lumière ! On arrive à Merville, son clocher incroyable, son beffroi, sa place centrale. Et puis cette petite baraque à frites toute mignonne, qui semble sortie des années 80, posée là devant un petit kiosque. On voyage dans le temps autant que dans l’espace. Ce sera parfait pour le diner. Une frite, un bicky, une Jupi, et c’est parti. 

Dancefloor du canal

On reprend la route de nuit, César a de l’énergie à revendre. Il met l’enceinte, et c’est parti pour un karaoké avec Nath aux commandes. On voyage de France Gall à Shakira, en passant par MC Solaar et du son des Balkans. On rit, on file au bord du canal. Nath et César dansent, leurs ombres les imitent sur le sol. On passe Aire-sur-la-Lys, puis une montée, et une autre. Il fait nuit noire. On avait aperçu une belle forêt sur la carte, qui aurait pu servir de spot de bivouac. On plisse les yeux, la frontale vissée sur le casque, pour essayer de la détecter. Une descente de graviers, et César rompt le silence «  Vous voulez encore rouler longtemps ? » 

La forêt qui suit est clôturée. Plus loin, une barrière. César passe dessus en éclaireur. Pas de vache à l’horizon (sombre). On passe les vélos par dessus, cette prairie fera l’affaire.

On déroule les matelas, on sort les bivys et les sacs de couchage, on pose les vélos derrière nous et on s’endort rapidement sans faire d’histoire. La semaine de boulot et le ride nocturne ont bien fait leur travail.

Sous les pavés, la plage

Je dors par intermittence, toujours aux aguets quand je suis en bivouac. Et à 7h, c’est la belle surprise. Le ciel s’éclaircit, André est réveillé. On se regarde « ouais, belle ! » Le soleil commence à sortir, puis explose. Une belle boule rouge brulante. Et on est aux premières loges, comme sur une petite terrasse avec vue sur la vallée. Un réveil divin, la plus belle récompense. 

André tournoie autour de moi avec son appareil photo. On profite, on déguste. Les gars se réveilleront plus tard, le soleil déjà bien levé. On décolle un peu plus tard après avoir replié le matos, sous les yeux effarés des vaches brunes de l’enclos d’en face. 

Et quand tu te réveilles après un bivouac, tu cherches quoi ? Ouais, une grosse boulangerie ! On passe devant une petite terrasse de café, le patron fait le ménage. « Vous connaissez une boulangerie dans le coin ? » Elle est juste à côté, on la dévalise. On prend un café emmitouflés dans nos doudounes, on regarde le résumé de l’étape du Tour, puis un deuxième café. Le temps est bon, le ciel est bleu, c’est le week-end, et on n’est pas pressés.

La suite du parcours commence à être vallonnée. On fait un stop au village de Licques (oui, les poulets, c’est là) pour recharger les bidons dans un cimetière, et puis on avance pour rejoindre le North Trail. J’ai roulé cette partie la semaine d’avant, et la referait 3 jours après avec toujours le même plaisir : c’est une belle piste de graviers qui monte jusqu’au Mont de Couple, avec une vue superbe sur la mer et la baie de Wissant. Les toits rouges des petites maisons s’agglutinent en bord de mer, et quand le temps est clair, on voit l’Angleterre. S’ensuivent de belles descentes de graviers comme on les aime, qui nous font glisser jusque Wissant, la plage, et le café.

La mer est haute, il y a du vent. César ne voit pas de phoques, ou peut être que si ?

Back home

Avec André, on doit rentrer à Lille le soir-même. On regarde le sens du vent, et deux options s’offrent à nous: 20 bornes vent de face, ou 30 vent dans le dos. On opte évidemment pour le vent dans le dos : le vélo, c’est de la voile ! On a un timing serré avant le train suivant. On se dit que ça passe. Mais on avait oublié que c’est vallonné, le Boulonnais. Alors c’est un sprint infernal jusque la gare, avec des bosses et des toboggans à n’en plus finir. On arrive à la gare, dans les temps ! On se dépêche vers le quai, escaliers, porte, escaliers… et on arrive devant un TGV. Merde. 

On force. Et on finit par papoter transpirants et sales avec le contrôleur, les vélos démontés à l’arrache et posés dans les racks à bagages, le train complètement vide. 

24 heures, 160 km, une nuit dehors, 4 copains, 1 frite et 1 jupiler, des pains au chocolat, la mer et la boule de feu en cadeau.

C’est pas un peu ça, le bonheur?

Le tracé

Deux jours
202 kilomètres
1 440 mètres de dénivelé positif

👉 La tracé de Louise à retrouver sur Komoot : https://www.komoot.fr/tour/260047328

Le matériel

Nathan roulait le Riverside Touring 920, une nouvelle gamme de vélos de voyage. Plus d’infos sur leur Instagram : @riverside_decathlon

Louise et César mettaient à l’épreuve les tous nouveaux gravels Triban en titane, bientôt disponibles. Plus d’infos ici : @triban_road

Photos par André Faria 📷

Accro au grand air et aux gens, rédactrice et "storyteller", je remplis mon temps libre d'aventures à vélo. Pour les partager, faire des ponts et mettre toujours plus de femmes (et d'hommes) au vélo.

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